La première conclusion à laquelle on arrive quand on vient à aborder le sujet des
consoles next-gen est leur prix relativement élevé. Relativement, car :
- d’une part la Wii restera abordable (comme toutes ses consoles, Nintendo la commercialisera surement à 199$ à leurs lancements) ;
- d’autre part, concernant la 360 et la PS3, leur prix n’est pas si excessif (ou aussi excessif)…comparé au prix de ventes de départ de la PS2, en 2000. Explication : à l’époque, la console se vendait à 3200 francs soit, convertis en euros 2005 (donc en tenant compte de l’inflation et de la hausse des salaires)…. 569,95€ !
En fait, il s’agit d’un choix pour les constructeurs (mais aussi d’une contrainte face au coût de développement de la bécane) qui entre dans leur stratégie marketing. Détails :
Microsoft, nouvellement entré dans le monde des consoles de jeu, s’est positionné très tôt sur le marché (une année en avance), en espérant prendre de l’avance sur ses concurrents directs : PS3 et Wii. Le prix plus élevé de la 360 se justifie par une console plus performante, donc plus cher que la concurrence actuelle. Mais tant que les « vieilles » consoles ne sont pas encore en fin de vie, cela s’avère toujours risqué : voir le cas de la Dreamcast… Le bilan est donc plutôt mitigé en ce milieu d’année : 5 millions d’unités vendues dont plus de deux tiers aux USA et avec un échec cuisant au Japon (- de 400 000 ventes) !
Sony, acteur de référence depuis sa PS1, dicte un peu le rythme marché : il dit quand passer à la nouvelle génération. Pour ces nouvelles next-gen, ce sera 2006, année de sortie de sa PS3. Comme Microsoft, Sony s’appuie sur une stratégie de développement en plusieurs étapes :
- L’année de la sortie, réservée à des « élites », ayant les moyens de s’offrir le dernier bijou technologique. Il s’agit pour la plupart des gamers mais aussi, et c’est là que Sony a contribué à la démocratisation des
jeux vidéo, et des jeunes actifs avides de nouvelles technologies (génération high-tech) et pas spécialement fan de jeu vidéo. Pour ces derniers, l’intérêt principal consiste à avoir le dernier objet tendance.
- Dans un deuxième temps, le prix de la console baisse et devient plus accessibles aux consommateurs et aux jeunes (collégiens et lycéens), n’attendant que cette baisse de prix pour pouvoir se l’offrir. La deuxième démocratisation est en marche.
Le mécanisme suit donc la courbe de vie du produit, mais sur une durée beaucoup plus courte (5 à 6 ans) : une phase où le produit est cher et réservé à certaines personnes, une phase de consommation de masse et une phase de déclin.
Contrairement à la firme américaine, Sony est arrivé à maintenir cette attente par le prestige de la marque mais aussi par un large catalogue de jeux. Cette stratégie, appliquée à la PS2, lui a donné une domination sur le marché des consoles de salon avec 50% de parts de marché (contre 25% pour la Xbox et idem pour la GC).
Nintendo poursuit quant à lui une stratégie totalement différente, qui n’a pas porté ses fruits jusqu’à aujourd’hui. Son positionnement est simple : une console de jeu que pour le jeu, abordable et conviviale. Loin de la recherche d’une technologie toujours plus pointue, Nintendo a toujours souhaité mettre en valeur le plaisir de jouer avec des innovations allant dans ce sens : le port multi-joueur sur la console, le stylet sur la DS et la télécommande sur la Wii. Mais, le prix abordable de ses consoles de salon peuvent aussi lui porter préjudice : on les qualifie de consoles « bas de gamme », consoles « d’appoint » ect… Par ailleurs, l’image d’une marque un peu « gamine » (Pokémon, Mario et cie) n’attire pas forcément cette nouvelle génération de joueur, entre le post-ado et le jeune adulte. Avec sa Wii, Nintendo souhaite vraiment élargir son public à tout le monde : le jeu est plus conçu comme une expérience courte et instinctive car ne nécessitant pas un long apprentissage pour s’amuser. A ma surprise, ce concept a bien fonctionné avec la DS, attendons de voir si cette idée est adaptable sur console de salon.
L’éthique du joueur va-t-il se perdre au profit de l’esprit du consommateur ?