Test Sacred 3 (Xbox 360, PS3) : 4/10 sur JeuxVideo.fr

Les bons hack & slash sur PC sont légion, mais sur consoles ils se comptent sur les doigts d’une main. Il est vrai aussi que, quel que soit le support, la série Diablo mène la danse. Un outsider s’était hissé au sommet, il s’agissait de Sacred. Apparue sur PC, la série avait fait une incursion réussie sur consoles avec le deuxième épisode. Sacred 3 nous arrive aujourd’hui sur PC, PlayStation 3, Xbox 360 et la série prend un nouveau tournant.

Inutile de nous attarder sur le scénario du jeu qui n'est, une fois encore, qu'un prétexte. Il y est bien sûr question d'un vilain-méchant, bien décidé à dévaster Ancaria. Les différents peuples tentent de se regrouper sous la houlette des Séraphins afin de réunir quatre héros qui vont devoir mettre un terme à la menace et sauver le monde.

En dehors de Sacred Citadel qui affichait dès le titre sa différence, Sacred 3 est resté bien discret. Il était question d'un hack & slash et le beau numéro 3 laissait supposer une véritable suite. Hélas, Ascaron - studio à l'origine des deux premiers opus - n'est plus et c'est Keen Games qui a hérité du bébé. Pour promouvoir cet épisode, de nombreuses cinématiques amusantes et sympathiques sont venues illustrer les principes du jeu, mais aucune phase de jeu n’était montrée. Fallait-il y voir l’anguille sous le rocher ? Oui, car Sacred 3 ne mérite pas le chiffre dont il s’affuble.

Tout juste mérite-t-il le nom de Sacred pour les références à Ancaria et à ses races. Le reste n’est pas ce que les fans de la licence sont en droit d’attendre et, en particulier, les fans de hack & slash. Sacred 3 n'en est pas un et il se rapproche bien davantage d'un beat them all, mais un sans inspiration, particulièrement rigide et linéaire. Oubliez ce que vous avez pu aimer dans la série Sacred : rien de tout cela n'est présent dans Sacred 3.

Exit le monde ouvert, nous nous retrouvons sur une carte du monde affichant l’ensemble des lieux dans lesquels vont se dérouler les combats. Chaque zone précise le niveau d’expérience requis par nos héros pour espérer vaincre les ennemis. En dehors de certains endroits destinés à affronter des vagues successives d’adversaires ou à nettoyer les lieux de tous les monstres, le principe est l’exploration d’un environnement cloisonné, constitué d’une succession de couloirs menant à une arène plus vaste, où il faut tuer tout le monde en affrontant au passage quelques sbires un peu plus résistants et un boss de fin. Ces derniers n’opposent pas grande résistance une fois compris leur technique qui se limite pour tous, et sur l’ensemble du jeu, à une attaque de zone, une charge en avant et une attaque longue portée.

Exit la notion de butin pour améliorer ses personnages. Les couloirs sont vides et les rares interactions avec le décor consistent à détruire des caisses ou des barricades. N’espérez pas obtenir le moindre butin en faisant cela. Certaines caches nous octroient de quoi récupérer un peu de santé et reconstituer sa réserve de ressource pour lancer nos deux attaques spéciales. Les rares coffres, placés à des endroits précis et immuables, nous donnent en plus un peu d’or. Les adversaires vaincus peuvent lâcher un peu des deux.

Exit l’évolution maîtrisée de son personnage. Dans Sacred 3 tout se fait en fonction du niveau atteint par notre personnage comme l’accès aux nouvelles zones, l’obtention d’une nouvelle arme, d’une capacité, d’un nouvel esprit lié à l’arme, de l’évolution de ce dernier. Tout est d’une linéarité implacable. Pour faire progresser son arme, son armure ou ses pouvoirs dans leur ridicule arbre d’évolution, il ne suffit pas d’avoir l’argent nécessaire - qui ne fera jamais défaut - il faut aussi avoir le niveau adéquat.

Le jeu est dirigiste à outrance, ne nous laissant aucune marge de manœuvre et ne nous surprenant jamais. Tout est rythmé par la progression dans l’histoire et en dehors du choix de ses deux attaques spéciales et d’un embranchement risible dans l’amélioration de son arme du moment, il n’y a qu’à se laisser guider et attendre que quelque chose de nouveau veuille bien apparaître. C’est ainsi que nos esprits d’arme progressent sur cinq niveaux, à tour de rôle, et qu’il faut atteindre presque les trois quarts du jeu pour que le premier d’entre eux daigne évoluer. Nous sommes alors aux alentours du niveau 20 sur les 25 nécessaires pour accéder à la dernière zone du jeu. Une fois le boss de fin achevé, le jeu nous propose de tout recommencer dans un quatrième mode de difficulté. Génial ! Un mode qui demande d’avoir des personnages de niveau 28, obligeant les joueurs à refaire en boucle les dernières zones pour prendre les niveaux nécessaires. Le jeu n’en donnant clairement pas envie, même les plus courageux passeront leur chemin.

Exit la variété des classes de personnage. Quatre classes de personnages sont disponibles, une pour chaque joueur puisque le jeu est fortement orienté multijoueur. La Séraphin manie l’épée, le Safiri une imposante masse, l’Ancarienne une longue lance et le Khukuri possède un arc. Exception faite de ce dernier héros, la jouabilité est identique. Autre problème, l'équilibrage n'est pas au rendez-vous et la Séraphin - une des plus puissantes classes depuis le premier opus - fait ici bien pâle figure face à l'efficacité du Safiri ou aux attaques spéciales de l'Ancarienne. Seul l'archer propose donc un gameplay un tout petit peu différent. La jouabilité est basique, avec une attaque de base que l’on martèle, une esquive, deux pouvoirs spéciaux à choisir parmi les quelques disponibles et un esprit d’âme qui accorde un petit extra de dommages et un passif. Petite subtilité de gameplay, il est possible d’attraper ses adversaires et de les jeter, notamment sur les pièges, mais trop souvent cela ne fonctionne pas, ces derniers se retrouvant posés au milieu des pièges sans prendre de dégâts.

Sacred 3 se targue depuis le début de nous proposer pour la première fois dans l’univers de Sacred de jouer en coopération. Les développeurs sont-ils au courant que le jeu en coop était déjà bien présent dans Sacred 2 ? Bon d’accord, là c’est jusqu’à quatre joueurs en ligne, mais seulement deux en local. Si le jeu en local ne pose pas de problème, il en va tout autrement pour le multi en ligne. Ce dernier est une véritable catastrophe. Le joueur hôte ne subira que très peu de désagrément en dehors du fait de voir son/ses compagnons de jeu se comporter étrangement en se déplaçant par à-coup, ou s’immobilisant. Le joueur qui rejoint une partie par contre devra faire avec un lag monstrueux, transformant le personnage joué en yoyo, scratchant ses déplacements tel un DJ parkinsonien sous ecstasy. Pour ce dernier, le titre est proprement injouable et les quelques rares joueurs ayant rejoint mes parties ne se sont guère attardés.

Oubliez donc par là même la dimension scoring toute relative déterminée à la fin de chaque niveau en fonction du nombre de tués, des dégâts, de la technique et des résurrections : l’hôte est fortement avantagé. De plus, que ce soit en solo ou en multi, les adversaires ne sont pas plus nombreux ni plus résistants. Cet aspect du jeu fait qu’en solo, selon la difficulté choisie parmi les trois présentes de base, certaines missions sont à la limite de l’impossible.

Il serait dommage de terminer sur une note négative, mais c'est pourtant ce que nous allons faire tant le doublage est loupé : il est pour ainsi dire ce que j'ai entendu de pire et je ne suis pourtant pas très difficile. Faisons court, les dialogues sont dignes des pires doublages de Nicky Larson ou Ken le Survivant au paroxysme de la censure. On veut nous faire croire à une grande menace et à des adversaires monstrueux et dès qu’ils ouvrent la bouche ils deviennent ridicules et perdent toute crédibilité. Les dialogues durant les saynètes intermédiaires entre nos personnages sont d’une platitude remarquable et les réflexions parsemant notre exploration sont lourdes, grasses, à la limite de la vulgarité, voire carrément graveleuses. Le tout se veut léger et drôle, mais rate complètement son objectif.

Les graphismes, j’ai failli oublier les graphismes. C’est joli ! Oui, il y a quelque chose de sympathique dans Sacred 3 ; des niveaux pas inspirés, peu interactifs, linéaires et dirigistes à souhait, mais agréables à l’œil. Quelques animations d’ambiance de-ci de-là attirent le regard, mais elles sont bien rares. Reste une bonne surprise avec ce niveau commençant en haut d’un arbre et qui tourne sur lui-même durant notre descente, dix secondes d’étonnement sur quatorze heures de jeu.

Sacred 3 est une insulte à la série. Il reprend ce que le terme hack & slash peut avoir de pire, d’insipide et de moins inspiré dans ses mécaniques de jeu en occultant tout ce qui en fait la richesse. Lourdingue, dirigiste, linéaire, manichéen, sans inspiration, mal calibré et proposant une expérience multijoueur désastreuse, passez votre chemin. À la manière d'Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal, cet épisode n’existe pas dans la série.