Lorsqu'en 2000, les développeurs de The Creative Assembly décide de travailler sur un jeu de gestion / stratégie, ils se focalisent sur une période historique qui leur tient particulièrement à cœur, le Japon médiéval et ses samouraïs. Malgré le public relativement restreint susceptible de s'intéresser à des jeux aussi touffus, Shogun : Total War s'est plutôt bien vendu et le studio a depuis eu les moyens de nous proposer plusieurs suites : la Rome antique, l'Europe médiévale, le XVIIIe siècle et les Guerres napoléoniennes ont servi de cadre à de multiples succès. Aujourd'hui, dix ans après le premier opus, The Creative Assembly rend un vibrant hommage à celui par lequel tout est arrivé. Shogun 2 : Total War est sur les rails et nous en avons eu un bref aperçu.



Total War oblige, ce Shogun 2 conserve un concept que les amateurs connaissent déjà par cœur. Tout au long d'une campagne solo de plusieurs dizaines d'heures, il s'agit donc de mêler deux styles de jeu bien différents pour aboutir à une expérience unique. D'un côté, il faut asseoir sa domination sur l'ensemble du Japon au travers d'une partie gestion destinée à nous donner les moyens de nos ambitions. De l'autre, il est question de prendre part aux combats en prenant le contrôle direct de ses troupes sur le champs de bataille : cette phase qu'il est possible de rapprocher du « jeu de figurines » est une sorte de jeu de stratégie temps réel particulièrement exigeant au niveau tactique.


Au travers de sa campagne solo, Shogun 2 nous propose de découvrir le Japon du XVIe siècle. Quand le scénario débute - en 1545 - l'autorité centrale exercée par le Shogun n'est plus et la mort de ce dernier a fait sombrer le pays dans le chaos. Pas moins de 19 daymios (seigneurs de guerre) veulent imposer leurs vues sur l'ensemble du territoire et, bien sûr, nous sommes l'un d'eux. Hélas, pour l'heure, c'est à peu près tout ce que nous pouvons dire de cette partie gestion de la campagne. Kieran Bridgen nous a toutefois promis de nouvelles informations dans un avenir très proche, mais pour ce premier contact, notre hôte préférait se focaliser sur l'aspect artistique des choses ainsi que sur la représentation du champ de bataille.

Il faut dire que le travail fourni par The Creative Assembly à ce niveau est assez hallucinant. De nombreux graphistes du studios ont ainsi été obligés de se familiariser - un an durant - avec les estampes japonaises afin que les écrans de chargements, les icônes d'unités et de nombreux autres éléments graphiques plongent le joueur dans l'ambiance. Autre point technique sur lequel Kieran Bridgen voulait revenir : la modélisation des unités en combat. Il faut dire que depuis les 700 sprites simultanés de Shogun premier du nom, pas mal de chemin a été parcouru. Dans Shogun 2 : Total War, il faudra ainsi compter avec un maximum de 56 000 combattants sur la totalité du champ de bataille !

On imagine que ce chiffre hallucinant ne sera pas systématique atteint, mais savoir qu'il est à portée est déjà incroyable, et ce, d'autant que la modélisation des unités est elle aussi en nets progrès. Déjà très réussis, Empire et Napoléon semblent pourtant très loin de l'incroyable résultat observé sur cette pré-alpha de Shogun 2. Qu'il s'agisse de l'armure des différents soldats, des quelques bâtiments présents sur la carte ou de la végétation, le niveau de détail atteint par les développeurs est assez stupéfiant... Bien sûr, un tel luxe de détail n'est pas fondamental dans un jeu de stratégie, mais elle permet de donner véritablement vie aux combats et puis, il faut bien reconnaître que se faire ainsi flatter la rétine est plutôt sympa.

Flatter la rétine est sans doute ce qui définit le mieux les jeux de lumière dont bénéficient les champs de bataille. En effet, Moyen-Age oblige, les armées de Shogun 2 : Total War ne disposent que de moyens rudimentaires pour s'éclairer durant les combats. Du coup, sur l'exemple qu'il nous a été donné de découvrir, on pouvait voir des dizaines de lampions utilisés par les différentes unités. Des lampions que le moteur graphique du jeu prenait forcément comme autant de sources lumineuses alors qu'il sera également possible de mettre le feu à certains bâtiments via - notamment - l'utilisation de flèches enflammées. N'oublions pas de préciser que cette gestion de la lumière est d'autant plus critique que Shogun 2 : Total War signe le grand retour des batailles de nuit !

Autre retour marquant, mais dans un registre bien différent, le discours du général. En prélude à la bataille, le leader de chaque armée se lancera effectivement dans une grande tirade destinée à galvaniser ses troupes. Une tirade qui sera évidemment bien différente selon le contexte de la bataille : les mots ne seront pas les mêmes selon qu'il s'agit d'un combat pour la survie de notre territoire ou d'un affrontement pour la prise d'une capitale ennemie. De la même manière, le discours changera en fonction de la nature du combat, un siège n'ayant pas grand-chose à voir avec une simple « partie de campagne ». Puisque nous parlons de siège, il est intéressant de souligner la diversité de Shogun 2 dans ce domaine.

Avec leur construction en mille-feuilles fait de multiples enceintes, les châteaux japonais n'avaient pas grand-chose à voir avec leurs homologues européens et ce devrait être bien visible sur Shogun 2. De plus, il est question de proposer trois types de sièges bien différents suivant que la place-forte est en plaine, à flanc de montagne ou sur les côtes, Côtes qui seront également le théâtres de batailles navales d'un genre un peu particulier. Les navires japonais n'étaient pas faits pour les eaux profondes et ressemblaient bien davantage à des forteresses flottantes dotées de rames qu'à de pimpants galions espagnols : les batailles navales n'auront donc rien à voir avec ce que nous pouvions voir dans Napoléon.

Il est enfin à noter que nous devrions pouvoir compter sur une sorte de combinaison entre batailles terrestres et combats navals. Une sorte de combinaison, car il ne sera pas possible de mêler complètement les deux, mais The Creative Assembly n'a pas forcément été très clair à ce niveau et nous y reviendrons donc prochainement. Notons également la prise en charge des saisons tant durant la partie gestion de la campagne que durant les batailles proprement dites et le relativement faible nombre d'unités différentes disponibles dans le jeu : seulement une trentaine quand Napoléon en propose dix fois plus. Si la réalité historique reste chère aux développeurs, il s'agit aussi de permettre aux joueurs de mieux appréhender les combats.

Un nombre plus restreint d'unités permet effectivement de mieux les connaître et, ainsi, d'identifier plus rapidement les forces adverses. De fait, comme Shogun 2 repose sur le traditionnel système « pierre - feuille - ciseaux », il devrait être possible de trouver plus rapidement la réponse adéquate aux offensives adverses... Pas prévu avant l'année prochaine - exclusivement sur PC - Shogun 2 : Total War a donc encore largement le temps de faire de lui, nous ne manquerons évidemment pas de suivre le développement d'un titre qui devrait faire vibrer tous les fans de gestion / stratégie, un genre plutôt pas mal représenté durant cet E3 2010.