Call Of Cthulhu : délicieusement cauchemardesque
L’univers de H.P. Lovecraft a souvent été adapté, rarement avec bonheur. Jouant sur le fantastique, la folie, la peur, plus que sur la débauche d’hémoglobine, cet univers particulier et subtil a été brillamment transposé dans Call Of Cthulhu.
L’univers de H.P. Lovecraft a souvent été adapté, rarement avec bonheur. Jouant sur le fantastique, la folie, la peur, plus que sur la débauche d’hémoglobine, flottant toujours entre réalité effrayante et rêves morbides, cet univers particulier et subtil a été brillamment transposé dans Call Of Cthulhu - Dark Corners Of The Earth, un jeu à l’approche ludique originale et à l’ambiance effrayante.
Le démarrage me plonge brutalement dans la peau de Jack Walters, un « privé » typique des années 20, à la voix cynique et cassée par le whisky. La police m’a demandé de venir l’aider à neutraliser les fidèles d’une secte apocalyptique retranchés dans leur manoir. Mon irruption sur les lieux va me permettre de comprendre, en partie, d’où viennent mes rêves étranges de ces derniers mois, mais aussi me faire basculer dans la folie… Cette introduction, loin du didacticiel classique, ne fait qu’ajouter à ma confusion. En effet, le jeu démarre véritablement ensuite, six ans plus tard, lorsqu’un Jack Walters amnésique, mais enfin libéré de son hôpital psychiatrique accepte d’enquêter sur une disparition qui l’amènera, sans qu’il s’en doute, à replonger dans les méandres d’une enquête encore plus sordide et dangereuse pour sa santé mentale.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Call Of Cthulhu ne guide pas gentiment le joueur dans une aventure banale et prévisible. Le scénario est, d’emblée, déroutant, même si, peu à peu, les pièces du puzzle se mettront en place, et Jack Walters, comme le joueur, nage constamment dans une certaine confusion. Des choses se passent, ou se sont passées, ou bien les a t’on rêvées ? Des événements incompréhensibles et terrifiants surviennent, et l’on subit (agréablement) ces péripéties, comme une marionnette manipulée au service d’un destin qui nous dépasse. L’interface, ou, devrais-je dire, l’absence totale d’interface, renforce encore ce phénomène. Pas de points de vie, pas de carte, le nombre d’informations dont dispose le joueur est équivalent à celui du pauvre Jack Walters : s’il est blessé, il se déplace moins vite ou geint de douleur, si sa santé mentale est en danger il commence à tenir des propos incohérents, mais il faudra se contenter de ces indices sensoriels pour guider au mieux le détective dans son enquête.
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Cette fusion entre le personnage et le joueur, cette immersion complète dans l’univers du jeu, ce sentiment de ne pas tout maîtriser, d’être incapable de prévoir ce qui se passera au prochain angle mort, est l’immense point fort de Call Of Cthulhu. Quand, on s’engage dans un tunnel obscur, difficile de ne pas trembler de peur à l’idée de ce qui pourrait se passer. L’ambiance sonore, entre les cris de démence (réels ou fantasmés ?) de victimes invisibles et les marmonnements d’un Jack au bord de la folie, est oppressante. On en finit, parfois, par ne plus oser avancer, ou, au contraire, à se mettre à fuir sans raison, pour sortir, s’échapper, retrouver une réalité, une rationalité oubliée en chemin, et se retrouver face à une réalité encore plus effrayante que celle que l’on fuyait.
Ce sentiment d’angoisse tenace qui habite le joueur, au point qu’il m’est arrivé, je l’avoue, de mettre le jeu en pause pour me détendre et me rassurer un peu, est d’autant plus impressionnant que Call Of Cthulhu parvient à nous faire ressentir cela en utilisant très peu d’effets. Le jeu repose sur l’inconnu, l’indicible, respectant pleinement sur ce plan l’œuvre de Lovecraft. Peu d’hémoglobine, pas de bagarres dantesques, il n’y a… rien, ou peut-être rien, on n’est jamais sûr et c’est cela qui est terrifiant. Le seul problème, finalement, ce sont ces moments où, au lieu d’avoir peur, on se retrouve à devoir agir, et où la tension retombe.
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En effet, malgré ses remarquables qualités, malgré la réussite complète de sa partie « cinématographique », Call Of Cthulhu m’a laissé sur ma faim. Il donne un peu l’impression que, très occupés à créer un climat hors du commun, à peaufiner la mise en place pour faire monter la tension aux moments opportuns, les développeurs ont fini par oublier qu’ils travaillaient sur un jeu et que l’aspect ludique occupait donc, par définition, une place importante. Là, c’est plutôt décevant. Les énigmes sont sans grand intérêt, qu’elles soient simplistes ou, au contraire, dénuées de logique et se limitant à essayer tous les objets jusqu’à ce qu’il se passe quelque chose. De même les fusillades sont banales et beaucoup moins excitantes que les moments où on se cache en tremblant à l’idée d’affronter des ennemis. Paradoxe que ce jeu où les moments d’action sont plus ennuyeux que ceux où il ne se passe rien. Même les séquences d’infiltration, les plus réussies du jeu, n’ont rien de très stimulant comparées aux ténors du genre et finalement on se retrouve à avancer dans l’intrigue pour le seul plaisir d’arriver à de nouveaux passages angoissants, simplement pour connaître la suite du scénario, le jeu en lui-même devenant presque une contrainte. Dommage, car, avec un « gameplay » à la hauteur de l’ambiance, Call Of Cthulhu aurait été une grande réussite.
Remarquablement réussi quant à sa transcription de l’univers cauchemardesque de Lovecraft, délicieusement angoissant dans ses passages les plus malsains, Call Of Cthulhu est, au final, assez paradoxal. En effet, si la montée de la tension qui précède les moments critiques et les phases d’action est un pur délice, en revanche, les fusillades, ou même l’enquête en elle-même, ne sont guère prenantes. Une réussite absolue sur le plan de l’immersion, de la « suspension de la réalité », mais une relative déception quant à la valeur purement ludique du jeu en font un produit ambigu, qui aura certainement des fans comme des détracteurs acharnés.
Ce jeu vous intéresse ? Retrouvez-le dans le
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Immersion totale
Le démarrage me plonge brutalement dans la peau de Jack Walters, un « privé » typique des années 20, à la voix cynique et cassée par le whisky. La police m’a demandé de venir l’aider à neutraliser les fidèles d’une secte apocalyptique retranchés dans leur manoir. Mon irruption sur les lieux va me permettre de comprendre, en partie, d’où viennent mes rêves étranges de ces derniers mois, mais aussi me faire basculer dans la folie… Cette introduction, loin du didacticiel classique, ne fait qu’ajouter à ma confusion. En effet, le jeu démarre véritablement ensuite, six ans plus tard, lorsqu’un Jack Walters amnésique, mais enfin libéré de son hôpital psychiatrique accepte d’enquêter sur une disparition qui l’amènera, sans qu’il s’en doute, à replonger dans les méandres d’une enquête encore plus sordide et dangereuse pour sa santé mentale.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Call Of Cthulhu ne guide pas gentiment le joueur dans une aventure banale et prévisible. Le scénario est, d’emblée, déroutant, même si, peu à peu, les pièces du puzzle se mettront en place, et Jack Walters, comme le joueur, nage constamment dans une certaine confusion. Des choses se passent, ou se sont passées, ou bien les a t’on rêvées ? Des événements incompréhensibles et terrifiants surviennent, et l’on subit (agréablement) ces péripéties, comme une marionnette manipulée au service d’un destin qui nous dépasse. L’interface, ou, devrais-je dire, l’absence totale d’interface, renforce encore ce phénomène. Pas de points de vie, pas de carte, le nombre d’informations dont dispose le joueur est équivalent à celui du pauvre Jack Walters : s’il est blessé, il se déplace moins vite ou geint de douleur, si sa santé mentale est en danger il commence à tenir des propos incohérents, mais il faudra se contenter de ces indices sensoriels pour guider au mieux le détective dans son enquête.
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Peur panique et folie
Cette fusion entre le personnage et le joueur, cette immersion complète dans l’univers du jeu, ce sentiment de ne pas tout maîtriser, d’être incapable de prévoir ce qui se passera au prochain angle mort, est l’immense point fort de Call Of Cthulhu. Quand, on s’engage dans un tunnel obscur, difficile de ne pas trembler de peur à l’idée de ce qui pourrait se passer. L’ambiance sonore, entre les cris de démence (réels ou fantasmés ?) de victimes invisibles et les marmonnements d’un Jack au bord de la folie, est oppressante. On en finit, parfois, par ne plus oser avancer, ou, au contraire, à se mettre à fuir sans raison, pour sortir, s’échapper, retrouver une réalité, une rationalité oubliée en chemin, et se retrouver face à une réalité encore plus effrayante que celle que l’on fuyait.
Ce sentiment d’angoisse tenace qui habite le joueur, au point qu’il m’est arrivé, je l’avoue, de mettre le jeu en pause pour me détendre et me rassurer un peu, est d’autant plus impressionnant que Call Of Cthulhu parvient à nous faire ressentir cela en utilisant très peu d’effets. Le jeu repose sur l’inconnu, l’indicible, respectant pleinement sur ce plan l’œuvre de Lovecraft. Peu d’hémoglobine, pas de bagarres dantesques, il n’y a… rien, ou peut-être rien, on n’est jamais sûr et c’est cela qui est terrifiant. Le seul problème, finalement, ce sont ces moments où, au lieu d’avoir peur, on se retrouve à devoir agir, et où la tension retombe.
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Dommage qu’il faille jouer !
En effet, malgré ses remarquables qualités, malgré la réussite complète de sa partie « cinématographique », Call Of Cthulhu m’a laissé sur ma faim. Il donne un peu l’impression que, très occupés à créer un climat hors du commun, à peaufiner la mise en place pour faire monter la tension aux moments opportuns, les développeurs ont fini par oublier qu’ils travaillaient sur un jeu et que l’aspect ludique occupait donc, par définition, une place importante. Là, c’est plutôt décevant. Les énigmes sont sans grand intérêt, qu’elles soient simplistes ou, au contraire, dénuées de logique et se limitant à essayer tous les objets jusqu’à ce qu’il se passe quelque chose. De même les fusillades sont banales et beaucoup moins excitantes que les moments où on se cache en tremblant à l’idée d’affronter des ennemis. Paradoxe que ce jeu où les moments d’action sont plus ennuyeux que ceux où il ne se passe rien. Même les séquences d’infiltration, les plus réussies du jeu, n’ont rien de très stimulant comparées aux ténors du genre et finalement on se retrouve à avancer dans l’intrigue pour le seul plaisir d’arriver à de nouveaux passages angoissants, simplement pour connaître la suite du scénario, le jeu en lui-même devenant presque une contrainte. Dommage, car, avec un « gameplay » à la hauteur de l’ambiance, Call Of Cthulhu aurait été une grande réussite.
Conclusion
Remarquablement réussi quant à sa transcription de l’univers cauchemardesque de Lovecraft, délicieusement angoissant dans ses passages les plus malsains, Call Of Cthulhu est, au final, assez paradoxal. En effet, si la montée de la tension qui précède les moments critiques et les phases d’action est un pur délice, en revanche, les fusillades, ou même l’enquête en elle-même, ne sont guère prenantes. Une réussite absolue sur le plan de l’immersion, de la « suspension de la réalité », mais une relative déception quant à la valeur purement ludique du jeu en font un produit ambigu, qui aura certainement des fans comme des détracteurs acharnés.
Ce jeu vous intéresse ? Retrouvez-le dans le
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