La PS4 et la 720 "échoueront si elles ne rejettent pas le modèle physique"
La phrase est de David Darling, co-fondateur de Codemasters, pour qui les consoles sont devenues des dinosaures en voix d'extinction face à l'essor du dématerialisé.
Pour évoquer le modèle des consoles actuelles, Darling n'y va pas de main morte : « Les consoles sont devenues des dinosaures fonçant tout droit vers l'extinction à mesure que leur lieu de distribution naturelle se transforme, » tranche-t-il avant de filer la métaphore saurienne : « ces bêtes d'un autre temps doivent absolument s'adapter à un nouveau contexte où des plateformes comme Steam, Facebook et l'App Store ont pris la charge de l'innovation »".
Le constat de Darling n'est pas neuf, « les média physiques comme le DVD sont à l'agonie tandis que l'industrie se repositionne à grand vitesse dans la distribution digitale. » Et dans la course qui oppose les constructeurs de console historiques aux nouveaux acteurs de l'industrie, Darling prédit que la survie ne passera que par une transition complète et réussie vers le dématérialisé. Il insiste :« Si les consoles de prochaine génération embarquent toujours des lecteurs DVD pour contenter les revendeurs, ces machines seront vouées à l'obsolescence et ne seront pas concurrentielles sur les prix. »
Selon sa logique, Sony et Microsoft ne pourront pas à la fois soutenir les revendeurs et rentrer de plein pied dans la course au dématérialisé : ce sera l'un où l'autre. Et face à la concurrence sauvage que leur mènent les nouveaux acteurs de l'industrie et leurs produits à 2 euros, « les constructeurs devront absolument vendre des jeux à 2 euros faute de quoi, ils perdront la compétition face à Apple ». Dans son analyse qui n'évoque que les jeux de taille modeste - les blockbusters ne pourront pas s'aligner sur les prix des applications smartphones, cela va de soi -, Darling reste vague sur le cas des titres AAA : il ne dit pas comment les faire coexister avec ce nouveau marché à prix bas.
Autre problème charnière, le virage au tout dématerialisé exclut d'office toute la frange des joueurs qui n'ont pas un accès internet suffisant, voire pas d'accès du tout, pour télécharger facilement des jeux de plus de 8 Go (soit la totalité des jeux à gros budget). Plutôt que d'adresser ce problème, Darling préfère brancarder le conservatisme des joueurs : « ils sont par nature réticents au changement »", juge-t-il : « En 1986, les gens ne voulaient pas lâcher les vieux vinyles pour le CD. Maintenant, ils résistent à l'idée que le média physique et ses revendeurs vont disparaître complètement pour ouvrir la voix à la distribution digitale. » Outre les problèmes de connexion internet et la question de la place des titres AAA dans ce nouveau modèle tout dématérialise, le plus inquiétant dans sa prédiction c'est qu'elle prône aussi, en filigrane, la disparition totale d'un corps de métier : celui de revendeur de jeu vidéo.
Source : MCV
( les afficher maintenant )