Test Deviens Miss France (Nintendo DS) : 0/10 sur JeuxVideo.fr

10h32 : Le testeur motivé s’empare de la boîte rose qui traine sur son bureau depuis plusieurs jours. En caractère gras et police « qui plait aux filles », s’affiche un splendide « Deviens Miss France ». Au dos de la jaquette, l’accroche est irrésistible : « ton rêve deviens réalité ! ». Soit, me voilà dans la peau d’une jeune fille rêvant de gloire, de strass et de people… Ca change des guerriers nourris aux hormones en tout cas.


10h41 : Après le choix du nom de la future Miss et une customisation minimaliste (quelques choix de coiffures et de couleurs de peau), un choix cornélien s’impose : coiffeur, vélo, ou soirée déguisée ? Etant d’humeur festive, optons pour une soirée déguisée. A l’écran, la future Miss reçoit une invitation par courrier pour une super soirée branchée spéciale Halloween. Mais, étant un peu sotte sur les bords, elle se pointe sans déguisement et, bien sûr, est vite la risée de ses petits camarades arborant des costumes de vampires du plus bel effet. S’ensuit alors l’inévitable choix d’un accoutrement.


Mais, arrêtons-nous un instant, pour examiner l’aspect technique. Les développeurs ont semble t-il été victime d’une grosse restriction de budget, les obligeant à réaliser leur dessins sous Paint. Et encore, il s’agit ici du Paint en 16 couleurs qu’on pouvait trouver dans les PC des années 90. Vous vous dites peut être que j’exagère ? Jetez un œil à l’illustration à gauche de ce texte qui, cependant, ne rend pas « horreur » à la réalisation. Bref, nous sommes face à un titre qui ferait honte à n’importe quel mauvais jeu Game Boy Advance. Mais ne soyons pas trop matérialiste et attendons de toucher au cœur du gameplay.


Le moins que l’on puisse dire, c’est que le cœur est vite atteint. Au travers des mini-scénarios contenus dans le jeu (toujours hautement passionnants : faire de la couture, faire du vélo, apprendre à défiler…), la variété semble avoir été bannie à jamais. Il s’agira, la plupart du temps, d’appuyer sur les étoiles, fleurs, et cœurs qui apparaissent à l’écran, dans un semblant de jeu de rythme pompé sur l’excellent Elite Beat Agent. Mais, alors que ce dernier propose un vrai défi et demande de coordonner le son et l’image, Deviens Miss France ne s’embarrasse pas de tout ça. Sur fond de morceau instrumental composé à coup de boîte à rythme, il n’y a strictement aucun challenge et aucune unité « musique-image ».


11h15 : Le testeur, de plus en plus dépité, appuie mollement sur des symboles en forme d’étoiles, pour la cinquième fois d’affilé. Heureusement, la délivrance est proche : une épreuve de maquillage est proposée. Enfin du neuf !


11h16 : Après avoir frotté frénétiquement le visage de sa Miss à coup de stylet, voilà cette dernière fin prête pour le concours régional. Des tics nerveux s’emparent alors du testeur, qui subit pour la sixième fois une épreuve de rythme, sur fond de musique de générique de météo. La victoire donne tout de même droit à un quizz de culture générale qui permet de prouver que, définitivement, les Miss ne sont pas les cruches qu’on croit. En effet, comment ne pas hésiter devant des questions aussi équivoques et cruelles telles que : quel département français est une île ? A) l’Ile de France, B) la Corse, C) le Nord-Pas de Calais.


11h46 : « Bravo, tu es devenue Miss France ! ». Cette phrase, s’affichant à l’écran, sonne comme une délivrance. Après avoir subi une quinzaine d’épreuves soporifiques et toutes identiques, une séance de maquillage/gribouillage, trois quizz sur la géographie française et une séance de vernissage d’ongles, le testeur peut être fier de ce qu’il vient d’accomplir : il vient de devenir Miss en moins d’1h30. Même Valérie est jalouse.


Passer d’Advance Wars à Deviens Miss France, c’est un peu comme passer d’un film de Martin Scorsese à un Max Pecas. L’aspect nanar amuse deux minutes, mais l’ennui mortel prend vite le pas. Honnêtement, comment des développeurs peuvent oser sortir un titre pareil ? Réalisé sous Paint et totalement inintéressant ? Que vous soyez une ado de 14 ans rêvant de porter un diadème ou un routier en manque de féminitude, le résultat est le même : fuyez ! Loin. Très loin. Il est même encore préférable de passer la soirée à regarder Jean-Pierre Foucault que d’essayer de prendre du plaisir sur cette chose.