Test de Flower, Sun, and Rain
Avant de nous éblouir avec Killer 7 et No More Heroes, Suda 51 avait auparavant réalisé Hana to Taiyô to Ame to -aka Flower, Sun and Rain- sur PlayStation 2. Un titre jusque-là réservé au marché japonais mais qui, grâce au développeur h.a.n.d. et à l’éditeur Rising Star Games Limited, bénéficie d’une adaptation sur Nintendo DS. Attention ! O.V.N.I. (Objet Vidéoludique Non Identifié) !
Quel jour sommes-nous ?Retour au sommaire
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Oubliez tout ce que vous connaissiez de Suda 51, FSR ferait passer Killer 7 pour un titre qui est tout ce qu’il y a de plus classique. Sans aucun doute l’un des titres les plus expérimentaux du marché, FSR repose sur un scénario, pas moins expérimental. Vous êtes dans la peau de Sumio Mondo, un chercheur (dans le sens d’inquisiteur) appelé sur une île pour empêcher l’explosion d’un avion par des terroristes. Notre homme ne quitte jamais sa mallette, qu’il prénomme Catherine, laquelle lui permet de résoudre les diverses énigmes qui viendront se mettre en travers de sa quête de vérité. Mais la grande particularité de l’histoire vient du fait que le personnage revit sans cesse la même journée, comme dans le film Un jour sans fin, d’Harold Ramis.
C’est davantage vers le cinéma de David Lynch que lorgne FSR. Même déconstruction narrative (ici via un montage alterné), mêmes personnages décalés et surtout même envie de faire passer les émotions à travers une histoire alambiquée qui fait la part belle à l’interprétation. Le titre est aussi malsain que drôle. Il est également inquiétant, agaçant, ennuyant, captivant ou déroutant. Avec FSR, difficile de rester insensible au risque de le détester, mais aussi de l’adorer. Avec sa mécanique, somme toute répétitive, sur laquelle repose l’aventure (Shadow of the Colossus l’était aussi), le titre de Suda 51 ne fait rien ou presque pour rendre l’expérience de jeu agréable. Pire, il semble même prendre un malin plaisir à tester les limites du joueur. Qu’il s’agisse des voix des personnages réduits à des sons inaudibles -qui ajoutent à l’atmosphère inquiétante du jeu-, ou bien les longs allers-retours que FSR vous oblige de faire à pied.
Chaos, confusion, avionRetour au sommaire
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Mais l’intérêt de FSR réside ailleurs. Si vous cherchez un jeu d’énigmes en tous genres, on vous conseille plutôt la première aventure du Professeur Layton. Ce n’est pas non plus avec son moteur graphique que le titre parviendra à capter l’attention. Bien qu’en 3D, et même s’il porte la marque des titres de Grasshopper, l’ensemble est affreusement pixellisé et très « polygoneux ». On note également quelques problèmes de caméra, mais rien de bien gênant. En revanche, la musique a bénéficié d’un travail de qualité avec de grands morceaux connus réarrangés. Non, ce qui fait tout le charme de FSR, c’est sa part d’étrange et de bizarrerie qui pousse à aller toujours plus loin. Avec le titre de Suda 51, on se retrouve subitement à suivre une jeune fille pourchassant un crocodile rose. On y parle d’enceintes énormes capables de se transformer en pédalo. On y rencontre aussi des personnages énigmatiques qui viennent nous rappeler que l’on se trouve (prisonnier) dans un jeu, à travers une mise en abyme jubilatoire. FSR a quelque chose d’hypnotique : il faut accepter de s’y perdre.
Le verdictRetour au sommaire
Ce n’est pas tous les jours que l’on tombe face à un titre aussi singulier que Flower, Sun and Rain. S’il est évident qu’il ne plaira pas à tout le monde, de par sa répétitivité, ses graphismes assez pauvres et une histoire incompréhensible, il serait dommage de ne pas laisser une chance à ce titre qui ne ressemble qu’à lui. Flower, Sun and Rain est si étrange, si audacieux, qu’il en devient fascinant.