Test Ford Racing 3 (PS2, Xbox, Gameboy Advance) : 5/10 sur JeuxVideo.fr

Une licence Ford, ça c'est glamour ! En effet, qui ne rêve pas toutes les nuits de se retrouver au volant d'un bon gros pick-up, d'une Focus ou d'une Mondeo ? Je suis médisant, le géant américain a tout de même produit quelques modèles de légende, pour qui aime les voitures américaines tout au moins, et qu'on retrouve à peu près tous dans le jeu. Avec cette licence un peu décalée (à quand un Renault Racing ?) et un prix raisonnable, Ford Racing 3 a une chance de se faire une petite place au soleil dans l'univers très concurrentiel des jeux de conduite sur Xbox.

Après une introduction à la gloire de l'entreprise à laquelle on doit l'invention du travail à la chaîne, sans laquelle on n'aurait jamais eu la chance de pouvoir voir, revoir, et revoir encore avec un plaisir toujours renouvelé Les Temps Modernes de Chaplin, les choses sérieuses peuvent commencer. Une présentation sobre, des menus clairs et sans chichi, c'est avec un a priori favorable que Ford Racing se présente à moi. Le choix de véhicule est tout à fait respectable, si l'on aime les Ford bien sûr. Les quelques voitures mythiques (il y en a, même chez Ford, mais pas énormément) sont bien là. La T-Bird, la Torino, la GT40, la Mustang, la Capri qui me faisait rêver étant petit... Et c'est à peu près tout, à moins de considérer la Focus WRC ou la Sierra Cosworth comme des voitures mythiques, le reste est nettement moins propre à fantasmer, même si le choix est vaste.Donc, en avant pour le championnat, histoire de pouvoir rouler avec ces précieux bijoux américains. Justement, on commence avec une course de bons vieux V8 ronronnant. Le circuit est superbe, il m'évoque avec plaisir le mythique Need for Speed 3, dans une ambiance de campagne américaine, entre ponts de bois et champs de maïs au couchant. La prise en main est immédiate, on est bien dans un jeu d'arcade. Au bout de cinq secondes, on commence à dériver facilement dans les courbes, au bout de trente on commence à survirer sérieusement, parce qu'on conduit un veau américain et qu'on a le sentiment d'avoir un joystick en bubble-gum, mais c'est bien plaisant. Le tracé du circuit se prête tout à fait à des trajectoires baroques et généreuses, c'est ludique, et puis on conduit une Mustang des années 60, pas une Ferrari Enzo, donc ce tempérament spongieux est plutôt adapté.

Oui, mais il y a toujours un "mais". En l'occurrence, même quand on prend la conduite d'un véhicule qui n'est pas censé avoir ces qualités baladeuses, la sensation caoutchouteuse reste présente, et ce qui est charmant et rétro avec une Mustang est franchement agaçant quand on essaie de se convaincre qu'on est McRae au volant de sa Focus. Et puis, manque de bol ou piège tendu au testeur peu consciencieux, les autres circuits ne sont pas, loin de là, aussi charmants dans leurs décors que le premier. L'inspiration orientale de certains fait pleurer quand on repense à la beauté des circuits asiatiques de Burnout 3, les circuits entre plages et montagnes évoquent plus Indiana Jones, ce qui est carrément incongru dans un jeu de voitures. Bref, ça ne devient pas mauvais, non, mais le hit qu'on a cru entr'apercevoir lors de la première course n'est plus là.Le renouvellement espéré avec l'entrée en course des 4x4, puis des voitures plus dédiées "circuit", ne vient pas. Goudron, neige, sable ou route lisse comme un billard, le changement n'est que cosmétique. Bon, ça sautille un peu plus par-ci, ça glisse plus par là, mais on ne peut pas dire qu'il y ait vraiment besoin d'adapter sa conduite. D'autant que l'I.A. facilite beaucoup trop les choses. En effet, après s'être amusé à gérer ses glissades et à optimiser ses trajectoires, on comprend assez vite que taper dans l'espèce de mur invisible qui se trouve au bord de la route ne fait perdre que très peu de temps. Puis que foncer et s'appuyer sur ses adversaires est encore plus payant, ceux-ci se contentant de suivre une sorte de rail intangible sans jamais s'en écarter d'un millimètre.Bref, on comprend que, si l'on peut conduire souplement en s'appuyant sur un moteur physique très correct, il est beaucoup plus efficace de foncer tout droit en adoptant le principe de la boule de flipper. Et, la nature humaine étant ce qu'elle est, si une erreur apporte une récompense et non une sanction, on exploite irrémédiablement cette faille, et on ne s'amuse plus guère.

Ceci dit, Ford Racing a tout de même un dernier atout, plutôt sympathique, qui est la diversité des modes de jeu. En plus des courses classiques, en effet, il propose des "défis" aux objectifs variés, et qui remettent un peu le pilotage à l'honneur. Rien d'incroyablement novateur, certes, on reste dans des courses de slalom entre plots ou des poursuites, mais la variété n'est pas négligeable. La difficulté des épreuves bien dosée et, cerise sur le gâteau, on peut, une fois les différents modes, circuits ou voitures débloqués, créer de nouveaux défis, petit plus sympathique. Enfin, le Live est supporté, donc si jamais le jeu a un peu de succès, son style très typé arcade et son accessibilité devraient offrir de belles bagarres et une chance de s'amuser à ceux qui n'ont jamais pu survivre à la bataille rangée qu'est le Live de Burnout 3.

Avec quelques atouts indéniables comme la diversité des modes de jeu, le tracé très réussi de certains circuits et un modèle physique qui, bien que très typé arcade, permet de se faire plaisir au volant, on ne regrette que d'autant plus que certains détails pourtant a priori faciles à résoudre, comme la mollesse des commandes ou la gestion des collisions, soient complètement bâclés et paraissent être hérités d'un jeu du milieu des années 90. Son prix étant raisonnable, Ford Racing est néanmoins un achat possible, pour ses côtés attachants, le prix faisant passer en partie la pilule de ses plus gros défauts.