Test GRID Autosport (PC) : 6/10 sur JeuxVideo.fr

S'il avait fallu attendre pas moins de cinq ans entre Race Driver GRID et sa suite directe - GRID 2 -, Codemasters n'a eu besoin que de douze petits mois pour accoucher du troisième opus de la franchise, GRID Autosport. La formule du « un an / un épisode » appliquée depuis belle lurette par 2K Sports ou EA Sports, est-elle transposable dans le domaine de la simulation automobile ? Les développeurs ont-ils eu suffisamment de temps pour apporter de vraies nouveautés et, plus important encore, ont-ils eu les moyens de répondre aux différentes critiques formulées par la communauté ?

Inutile d'y aller par quatre chemins, si Codemasters amorce une réorientation intéressante, il ne remplit pas complètement le contrat avec GRID Autosport. Officiellement, l'éditeur cherchait à rectifier le tir après un GRID 2 bien trop « arcade ». Dans les faits, s'il revient effectivement à davantage de simulation, il fait surtout pire sur pas mal de tableaux.. Au lancement du jeu, l'interface surprend déjà pas mal avec son fond uniformément noir et ses menus minimalistes : l'élégance est de mise, mais on a aussi l'impression que Codemasters manquait de temps pour faire plus.

Une impression qui se retrouve sur le mode Carrière : particulièrement déroutant pour les habitués de GRID. Pas question de nous proposer le moindre scénario ou d'intégrer une seule cinématique pour mettre en scène cette « carrière ». Après avoir créé un profil, nous avons simplement le droit de choisir entre plusieurs contrats dans les cinq catégories : touring cars, tuner, endurance, open wheel et street. Notre décision prise, on peut partir pour une première saison et enchaîner les épreuves afin d'accomplir les objectifs du contrat : battre un coureur en particulier, terminer premier du championnat, parvenir à classer son équipe...


De la nature et de la difficulté des objectifs évoqués dépend la récompense accordée - en points d'expérience. Ces points servent bien sûr à gagner des niveaux pour débloquer toujours plus de compétitions, de championnats. En début de carrière, les « saisons » sont relativement courtes avec seulement quelques épreuves, mais par la suite, les choses deviennent nettement plus longues, avec des épreuves en plusieurs manches, et toujours plus de tours par course. Hélas, rien qui vienne cependant mettre un peu de vie dans cette carrière, aussi linéaire que froide.

Du coup, même si GRID 2 pouvait parfois faire dans la caricature et manquer de la plus élémentaire subtilité, le joueur avait au moins l'impression d'incarner un pilote et de vivre sa progression. Notons que le mode solo de GRID Autosport ne se limite toutefois pas à ce seul mode Carrière. Codemasters a effectivement prévu la possibilité de créer des compétitions en local, et nous offre une option de jeu en écran partagé, toutefois limitée à deux joueurs. Enfin, on peut évidemment compter sur la présence d'un mode en ligne via RaceNET... pour ainsi dire identique à ce que proposait GRID 2.

Que l'on s'insurge contre le mode « carrière » ou au contraire, que l'on salue la sobriété dont a fait preuve Codemasters, il faut toutefois se rendre à l'évidence : l'éditeur peine à convaincre. Commençons cependant en distribuant un bon point, puisque les cinq catégories disponibles proposent toutes des styles de conduite sensiblement différents les uns des autres. Nous avons ainsi particulièrement apprécié la nervosité des courses open-wheel, typées monoplace, où les sensations de vitesse sont assez remarquables.

Les catégories touring et endurance ne sont pas inintéressantes non plus, même si on peste parfois contre la lourdeur excessive de véhicules à l'inertie sans doute un brin exagérée. Catégorie la moins réussie, tuner permet de varier les plaisirs en offrant un cocktail de courses contre la montre et d'épreuves de drift. Hélas, le plaisir n'est que rarement au rendez-vous du fait de parcours trop longs. Enfin, les tracés street sont sympas du fait de la vie qui vient peupler les abords des circuits, mais Codemasters ne s'est pas trop fatigué : il ne fait que reprendre les parcours de GRID 2 !

Nous touchons ici à un premier problème de taille sur GRID Autosport : l'impression d'avoir une sorte de gros DLC plutôt qu'un jeu à part entière. Sous couvert de sobriété, Codemasters a déjà largement simplifié le mode carrière, il aussi réalisé une sorte de copier / coller du mode multijoueur et repris un grand nombre de véhicules et d'environnements de GRID 2. Nous le disions, ce n'est toutefois que le premier problème et sans doute pas le plus gênant. En effet, Codemasters a décidé de répondre aux critiques formulées par certains joueurs en intégrant une vue cockpit à son GRID Autosport.

Seulement voilà, la vue en question tient plus de la blague que d'autre chose. Comme vous pouvez le voir sur nos captures : le dessin des différents cockpits est simplement immonde... Autant ne rien proposer à ce niveau ! Dommage, car Codemaster avait apporté un vrai début de réponse aux joueurs de GRID 2 en accentuant le côté simulation de la conduite. Rien d'extraordinaire, mais un certain retour vers le style Race Driver GRID afin de pousser les joueurs à mieux gérer leurs trajectoires et leurs virages.

Hélas pour Codemasters, nous n'avons toujours pas abordé les deux principaux défauts de GRID Autosport, ceux qui vous feront réfléchir à deux fois avant de donner vos euros à l'éditeur britannique. En effet, peu importe le niveau de difficulté (il en existe cinq et pas mal d'options à sélectionner) et peu importe la catégorie retenue, il faut toujours faire avec une intelligence artificielle trop souvent « aux fraises ». De manière générale, l'I.A. maîtrise honorablement ses véhicules, mais elle est absolument incapable de tenir compte de notre présence sur la piste : un rien compliqué pour un jeu de courses ! Du coup, on doit faire avec une agressivité hallucinante des autres pilotes.

Ils n'hésitent pas à nous bloquer alors que nous tentions de profiter de l'aspiration. Ils sont aussi capables de se rabattre n'importe quand et semblent immunisés aux problèmes mécaniques ! Nous parlions d'agressivité, mais dans certains cas, c'est comme si l'I.A. était incapable de voir notre voiture et faisait « comme si de rien n'était ». Enfin, il faut reconnaître que techniquement, GRID Autosport souffle le chaud et le froid avec une très jolie version PC capable de tourner à 60ips, mais une version PS3 / Xbox 360 en retrait : moins jolie, elle plafonne à 30ips, dommage. Ultimes défauts, GRID Autosport n'intègre aucun élément météo, la prise en charge du 3DVision est buggée et la gestion du clavier est largement perfectible, tout comme le retour de force sur notre volant Thrustmaster T500RS... Voilà qui commence à faire beaucoup.

En commercialisant GRID Autosport seulement un an après la sortie de GRID 2, Codemasters voulait sans doute montrer aux joueurs qu'ils prenaient leurs remarques en compte. Hélas, l'éditeur ne s'est pas donné les moyens de ses ambitions et en lieu et place d'une véritable vue cockpit, il nous inflige une immonde bouillie de pixels. Dans un autre registre, et s'il revient sensiblement sur le style très arcade de GRID 2, il nous propose aussi une intelligence artificielle pour le moins suspecte. Enfin, le contenu proposé (voitures, tracés...) ne se renouvelle pas suffisamment quand le mode carrière est par trop aseptisé. En définitive, et malgré une réorientation prometteuse, GRID Autosport semble ne fait le travail qu'à moitié. Dommage.

Test PC réalisé sur une machine à base de Core i7 4 GHz, 16 Go de mémoire vive et GeForce GTX 780 Ti. Le jeu semble à son aise à partir d'un processeur double-cœur 3 GHz, épaulé par 4 Go de mémoire vive et une GeForce GTX580.