Test de Hour of Victory
Que serait le jeu vidéo, et plus particulièrement les FPS, sans la Seconde Guerre Mondiale ? Cette bravoure sans faille, ces méchants nazis, ses admirables alliés…Midway s’engouffre dans la brèche créée par les Medal of Honor et autres Call of Duty, avec son propre FPS, se déroulant comme par hasard durant le second conflit mondial. Au programme, charcutage des fidèles d’Hitler dans la joie et la bonne humeur. Enfin ça, c’est sur le papier….
Hour of nullityRetour au sommaire
Seconde Guerre Mondiale, du côté des Alliés. Les services des renseignements découvrent que les décidemment très méchants nazis ont pour projet d’utiliser la bombe nucléaire, afin de prendre un avantage certain dans le conflit. Evidemment, on ne peut laisser les Boches utiliser impunément la bombe préférée de l’ami Truman. Les Alliés débauchent donc trois soldats d’élite, histoire d’apprendre la politesse aux Allemands.Sont retenus au casting : William Ross, vieux de la vieille d’origine Ecossaise. Avec lui, on ne rigole pas, on tire et ensuite on réfléchit. Bourrin de son état, le brave Ross est capable de soulever de lourds objets, et de courir longtemps. Vient ensuite Calvin « Bull » Blackbull, représentant des fourbissimes tireurs d’élite. Calvin (rien à avoir avec Klein –quoique diriger un caleçon sniper pourrait être drôle) se plaira donc à grimper sur les toits, afin d’exploser en toute tranquillité les cerveaux des ennemis rôdant dans les environs. Place enfin à l’intello de la bande (enfin, c’est vite dit), Ambrose Taggert. Outre avoir un nom à coucher dehors, ce cher Ambrose sait se faire discret, tel un Solid Snake du pauvre. Il n’hésitera pas à crocheter les verrous des maisons afin de s’y cacher –sans demander la permission aux propriétaires-, et d’y assassiner tous ceux qui passeront sur son chemin.
Ajoutons que notre brave troupe intègre tous les stéréotypes du genre. Ambrose a vu son frère se faire tuer à Pearl Harbour et a décidé de se venger. En combattant les Allemands et non les Japonais, mais c’est pas grave. Ross est le représentant du flegme britannique, un gentleman qui n’hésite quand même pas à mettre une bonne tannée quand un nazi est un peu trop vilain. Cependant, il ne se déplace pas avec sa cup of tea. Enfin, notre ami Calvin est le représentant des minorités ethniques, puisque le monsieur est d’origine Sioux. Connecté à la nature comme le cliché le veut, il est capable de se fier au vent et aux odeurs. Enfin si on croit le manuel, car dans le jeu on ne le voit pas vraiment.
A cette équipe de winners, s’ajoute un scénario abracadabrantesque. La jaquette nous promet de vivre « les plus grandes batailles de la Seconde Guerre Mondiale ». Oui, mais non. Le jeu débute on ne sait trop où, on ne sait trop quand. A l’architecture locale, on pourrait croire à un pays arabe, mais rien n’est moins sûr. Plus tard, le joueur doit sauver un scientifique d’un château (clin d’œil à Castle Wolfenstein ?), puis se retrouve au beau milieu de Berlin. Pour les grandes batailles, on repassera…
Hour of stupidityRetour au sommaire
L’originalité du jeu repose en la possibilité de choisir en début de mission son champion de la castagne. Comme nous avons vu précédemment, chaque personnage dispose de son propre gameplay, Ross fonçant dans le tas, tandis qu’Ambrose avancera furtivement. Il existe donc trois façons différentes de progresser dans les niveaux. Malheureusement, tout est hyper scripté, et il est impossible d’aller là où on le souhaite vraiment. Si vous voulez crocheter une maison, ça sera celle là, et pas celle du voisin. Vous voulez monter sur un toit ? Allez donc vers le mur disposant de l’unique corde du niveau. Ajoutons à cela le fait que les environnements soient minuscules, et on comprend très vite qu’un seul et unique chemin est possible pour nos trois troufions.Mais revenons au cœur même du jeu, le massacre d’hitlériens. Comme souvent dans ce genre de soft, un bon nazi est un nazi mort, de préférence dans d’atroces souffrances. Bien sûr, l’ennemi n’est pas fou. Il se cache quand il vous voit arriver avec vos gros sabots (et votre fusil), ou bien vous relance à la figure la grenade que vous lui avez lancé. Enfin, ça c’est dans les autres jeux. Dans Hour of Victory, tous les nazis sont candidats au suicide. Peut être sont-ils mal traités dans leur caserne, peut être que leur ration de survie est infecte, qu’importe, ces soldats ont décidé d’en finir avec la vie. Ils resteront donc plantés sur leurs deux pieds pendant que vous les canarderez gaiement (peut être gayment aussi, après tout on ne connait pas les mœurs de l’armée). Exemple classique : vous avancez fièrement la pétoire à la main vers un fidèle d’Hitler. Ce dernier tirera deux fois pour la forme, puis attendra gentiment que vous lui mettiez le coup de grâce. De même, les ennemis ne feront pas attention à la grenade qui passe sous leurs yeux, avant de s’envoler en mille morceaux.
Cela pourrait être comique, si la maniabilité n’était pas aussi catastrophique. Le système de visée est atroce, parfois trop lent, parfois trop rapide. On passe donc son temps à shooter dans tous les sens sans se poser de questions. Cela marche plutôt bien, puisqu’une balle dans le mollet fera instantanément mourir l’ennemi. Vive le réalisme. En parlant de réalisme, on remarque que les balles tirées dans le décor laissent des impacts. Enfin, jusqu’à ce qu’on tourne la tête. Car en regardant de nouveau le décor en question, celui-ci est redevenu neuf comme au premier jour. Encore un coup de Gérard Majax, très certainement.
De même, il apparaît rapidement qu’un bon coup de crosse des familles est mille fois plus efficace qu’un coup de feu. Cela implique un soldat résistant, qui frappe fort, et est capable d’aller jusqu’au corps à corps avec les ennemis. C’est pour cela que le brave Ross est très souvent l’unique choix viable. Les deux autres personnages sont beaucoup trop faibles, et la maniabilité boostée au Lexomil rend les phases de tirs furtifs insupportables. C’est tout le (minime) intérêt du soft qui s’envole. Ajoutons à ce magnifique tableau des niveaux extrêmement courts, et une durée de vie minime.
Hour of debilityRetour au sommaire
Comme tout bon jeu next-gen qui se respecte, Hour of Victory contient un mode multijoueur. Au programme, les classicistes modes de capture du drapeau, deathmatch, et dévastation (trouver une bombe avant qu’elle n’explose). Rien de bien nouveau sous le soleil. Et manque de chance pour le titre, le monde online est déserté par les joueurs. En même temps, on les comprend…Un solo catastrophique, un mode online n’ayant aucun intérêt, y a-t-il quelque chose pour sauver le soldat Hour of victory ? On peut reconnaitre que les graphismes ne sont pas trop mauvais, grâce au fameux Unreal Engine 3. Mais tout se gâte lors des cinématiques. Les personnages ont un rendu plastique des plus GI Joe, sans oublier l’inimitable effet « balai dans le fondement ». Des personnages un peu stupides d’ailleurs, puisqu’ils continuent à courir sur place même lorsqu’ils font face à un obstacle (caisse, mur, soldat, boîte du jeu).
Une seule question reste. Pourquoi ? Pourquoi un jeu pareil a été si mal développé ? Pourquoi a-t-il passé les tests de qualité ? Pourquoi est-il vendu en toute légalité à 70€ ? Pourquoi va-t-il trouver preneur ? Mieux vaut ne pas chercher la réponse. La meilleure solution, pour ce titre, reste très certainement l’oubli.
Vidéo du TestRetour au sommaire
Le verdictRetour au sommaire
Hour of victory fait partie de ces jeux que l’on aimerait ne plus voir, mais qui envahissent régulièrement les linéaires. Des ennemis débiles, une maniabilité suicidaire, un scénar sans queue ni tête, un mode multi sans intérêt, voilà comment résumer en quelques mots ce « jeu ». Si les FPS se déroulant durant la Seconde Guerre Mondiale vous intéressent, regardez donc plutôt du côté des Call of Duty ou des Medal of Honor, mais oubliez cette erreur de la nature.