Test Hyper Street Fighter 2 (PS2) : 5/10 sur JeuxVideo.fr

Marcher sans me retourner telle est ma devise ! Aller droit devant moi et me fixer un objectif à atteindre voilà mon destin ! Il faut vous avouer que cela fait bientôt quinze ans que j´emprunte les mêmes sentiers de la perdition, affronte les mêmes combattants avec un mince espoir de retour. Mon costume blanc souillé du sang de mes ennemis va encore une fois me servir pour mon ultime retour sur le devant de la scène et cette fois ci, Bison n´aura plus toutes ses dents pour revenir d´entre les morts.

Même s'il est indéniable que ce titre accuse un gigantesque coup de vieux face à la concurrence actuelle, je veux bien sûr parler des "Guilty Gear" et autre "Capcom Vs SNK", l'illustre bébé de Capcom possède néanmoins un charme indéniable qui va notamment ravir les baroudeurs du siècle dernier. Hyper Street Fighter II nous arrive ainsi dans sa version originale, plus précisément celle de la borne d'arcade sortie au début des années quatre-vingt-dix. Les magnifiques décors en 2D mettaient à l'époque une baffe magistrale à tous les inconditionnels des bistrots et autre lieu de réjouissance vidéoludique (n'est ce pas Philou ?) : vous pourrez ainsi retrouver la mythique base aéronavale du Colonel Guile, le temple hindou où sévit Dhalsim, mais aussi la centrale désaffectée du Caucase où vous affronterez le colossale Zangief. Plusieurs éléments du décor interagissaient sous le poids d'un combattant et disparaissaient dans un amas de pixels mémorable. Comme on ne change pas une équipe qui gagne, la quinzaine de personnages disponibles n'a pas bougé d'un poil depuis notre première rencontre il y a quinze ans : Ken et Ryu sont toujours aussi charismatiques, Shun Li a ressorti de son grenier son bel habit bleu de Geisha et Blanka a toujours un lien de parenté avec Bruce Banner et son homologue, le bien nommé Monsieur Hulk. Vous aurez ainsi le droit d'utiliser ces personnages, apparus durant les différentes versions qui se sont succédées au fil du temps : Street Fighter II, la version "Champion Edition", "Street Fighter II Turbo", "Super Street Fighter II" et " Super Street Fighter II Turbo", les deux dernières permettant de débloquer de nouveaux protagonistes, de Fei Long en passant par Cammy White. Au passage, vous noterez que Capcom avait déjà à l'époque le souci des titres à rallonge et d'épuiser des licences à n'en plus finir. Que dire des cinématiques d'anthologie aussi mythiques que la culotte de Madonna : on ne peut décemment bouder notre plaisir à visionner de nouveau le générique d'introduction où l'on peut admirer Ryu se préparant à son flamboyant Hadoken. Ces purs instants d'émotion, que vous pouvez par ailleurs regarder en intégralité à travers le mode Gallery, sont entrés à jamais dans le panthéon du jeu vidéo et dans le cerveau des joueurs de l'époque. Mais c'est qu'ils arriveraient à me faire couler une larme !

A la vue d'un titre de paragraphe aussi explicite, j'en vois déjà certains crier au scandale, demandant à mon rédacteur en chef de m'envoyer aussitôt au pilori pour faute grave. Que nenni mes braves concitoyens, laissez moi tout d'abord expliquer les raisons de ce brusque revirement de situation.A première vue, on peut penser que l'intégration d'une quantité de personnages aussi fouillis donnerait du corps à ce bon vin. Cela aurait été effectivement le cas si les développeurs n'avaient pas bâclé le tout avec une difficulté plus que disproportionnée. En effet, tout au long du mode Arcade, vous n'allez rencontrer que les combattants issus de la dernière version de Street Fighter II, c'est-à-dire les plus puissants et les plus robustes : pourquoi alors se borner à opter pour un Ryu première génération, dont les coups sont aussi puissants qu'une huître, face à un Ryu dernier modèle qui va envoyer notre larron six pieds sous terre en deux temps trois mouvements ? Il est bien évidemment plus judicieux de prendre directement le combattant le plus jeune afin d'avoir toutes ses chances dans le tournoi, votre décision réduisant de manière significative le nombre de personnages jouables. N'aurait-il pas été préférable d'inclure une gestion du niveau de puissance afin d'offrir des challenges plus équitables ? Cela seul Capcom le sait.Concernant la jouabilité, on peut disserter sur une prise en main à deux niveaux. Il y a bien entendu les habitués de la galette qui, en un clin d'œil, vont bien évidemment opter pour une utilisation de la croix de direction, une option assez peu utilisée sur les titres de la nouvelle vague, mais carrément indispensable sur ce genre de version. Si vous optez pour ce choix, à vous les joies du quart de cercle et des manipulations très artistiques à nous donner de belles ampoules aux mains. Il faut se mettre dans la tête que Street Fighter II s'est fait une place au soleil en raison de son côté très technique, sortir des combos dévastateurs demandant un entraînement de longue haleine. Avec l'apparition du stick analogique, les développeurs ont tenté d'en inclure l'utilisation, mais son rôle dans la partie est aussi inutile que gênant. Cet opus offre également une variété de coups assez démentielle, allant des piqûres d'insectes aux mandales stratosphériques, permettant d'adopter des stratégies suivant la puissance de votre adversaire : ce vivier va malheureusement subir les foudres du premier échec (difficulté mal dosée), nous forçant à nous focaliser sur les coups les plus puissants. Encore une fausse note.Après avoir piétiné cet animal malade, il est temps de lui donner le coup de grâce et c'est le film d'animation qui va s'en charger. Les puristes de la japanimation vont bien évidemment sauter au plafond en découvrant dans les bonus la possibilité de contempler le film dédié à la saga (non pas la sublime daube cinématographique avec le très philosophe Jean Claude Vandamme). Etant moi-même un fan inconditionnel du genre, ne vous étonnez pas si je trouve cette réalisation plus que fantastique, une fidèle adaptation de l'œuvre de Capcom. Mais comme il y a un hic, ce plaisir ne pourra se savourer normalement que si vous maîtrisez à merveille la langue de Shakespeare, les dialogues n'ayant pas eu le suprême honneur de recevoir des sous-titres français, le minimum syndical à ce niveau.

Cette version soi disant "Collector" de Street Fighter II peut se comparer à un beau gâteau : tout d´abord la nostalgie inspirée par une saga devenue mythique qui, même au fil des années, garde toujours le même charme chez les inconditionnels de Capcom. Cependant, une fois l´heure du goûter dépassée, il en ressort une grande frustration avec une mouture assez bâclée dans tous les sens du terme. Les fans de la première heure se laisseront tenter par son prix attractif mais les joueurs de la nouvelle génération passeront leur chemin sans équivoque.