Test de Naruto Shippuden : Dragon Blade Chronicles
Lorsque l’on parle des adaptations vidéoludiques de Naruto Shippuden, on pense le plus souvent à la franchise des Ultimate Ninja Storm tant les titres qui en sortent font honneur au Dragon Ball des années 2000. Pour ce nouvel opus, Tomy a décidé de laisser de côté cette valeur sûre et les consoles HD afin de s’aventurer dans le monde mystérieux des beat’em all exclusif à la Wii, le tout soutenu par une histoire totalement inédite. Chronique d’un jeu à se cogner la tête contre les murs…
Dragon Ball N (comme Nul)Retour au sommaire
Qu’on se le dise, on tient aujourd’hui du lourd. Ce nouvel opus de Naruto Shippuden en jeu vidéo s’éloigne de tout ce que l’on pouvait penser savoir de la franchise Naruto question scénario. Bien que l’on se trouve toujours à Konoha, l’histoire narre l’arrivée d’une petite nouvelle dans la ville. Une charmante rousse qui va amener avec elle bien des ennuis, puisque la couineuse (Akari) vient demander aux ninjas locaux un petit assassi… sauvetage en bonne et due forme de son frère, prit de délires mégalomanes. Celui-ci semble décidé à détruire le monde par vengeance en se servant des pouvoirs de 5 dragons élémentaires qui permettraient de réveiller une bestiole encore plus néfaste. Bien entendu, nos héros vont se lancer à l’aventure pour éviter une catastrophe de ce genre et récupérer les Dragon Ball contenant leurs pouvoirs avant ledit frère. Épique, ou pas.Malgré une bonne intention de départ, celle d’emmener Naruto dans un cadre plus fantaisiste et surtout inédit, le jeu foire complètement son scénario. L’histoire, enchainant les bourdes, est horriblement mise en scène, que ce soit par des dialogues navrant de pauvreté, ou par la longueur des « cinématiques » dont la qualité de la mise en scène n’a d’égal que l’état de dépression dont on en ressort. Il n’y a tout simplement aucune forme de mise en scène, et tandis que les fans renieront cet épisode, les autres ne trouveront pas de quoi apprécier cet univers. Pour autant, le jeu tente d’inclure le maximum de protagonistes, d’Itachi aux membres de l’Akatsuki, parfois sans raison apparente. C’est sur ce scénario aussi insipide que décousu que le massacre prend place.
Daube of the yearRetour au sommaire
La première chose qui choque (au delà de la musique de l’intro), c’est l’absence d’une difficulté “normale”. De qui se moque-t-on ? Simple ou difficile et c’est tout. Bien que je n’ai point eu le courage de lancer le jeu une seconde fois pour essayer le mode difficile, je le recommande, tant le mode facile n’a tout simplement aucun challenge. Le titre se présente donc sous la forme d’un beat’em all, ce qui en soit n’est pas une mauvaise idée. Mais le gameplay est d’une pauvreté navrante, à l’image de tout le jeu. Il n’y a aucun combos, ou si, mais moins que le minimum syndical avec une seule touche de coups. Cependant, profitons de l’occasion pour signaler l’un des rares points positif de ce titre : n’importe quel contrôleur reconnu par la Wii permettra de jouer au jeu, wiimote, manette classique, nunchuck ou mannette gamecube.Lors des incessants combats, Naruto se déplace mollement et frappe tout autant, un comble pour un ninja. Ninja du dimanche d’ailleurs car le bougre s’est vu offrir une épée magique pour affronter ses ennemis. Il sera possible après avoir vaincu chaque dragon d’assigner une des Dragon Ball à l’épée pour que celle-ci profite de l’élément affilié. De même, Naruto (ou Sasuke selon les missions, sachant que ce dernier est plus maniable) pourra trouver divers bonus dans les niveaux. Tout d’abord, des sources de vie et de chakra qui, une fois cinq du même type collectées, augmenteront votre barre de vie ou de magie. Deux problèmes surviennent alors : tout d’abord, il est impossible de les louper vu qu’ils sont toujours placés dans des coffres au beau milieu de la route (la seule difficulté sera d’ouvrir le coffre, ce qui n’est pas facile avec les bugs de collision). Ensuite, il n’est pas possible de refaire un niveau finit, donc louper une source est définitif (mais il faut le faire).
Retour vers le passéRetour au sommaire
En dehors de cela, il sera aussi possible de trouver rouleaux et parchemins, offrant respectivement une compétence active ou passive parfois indispensable pour progresser dans les environnements. Les rouleaux devront être équipés (il est possible d’en assigner 4 à la croix directionnelle) pour être utilisé, et consomment votre jauge de chakra. Problème : on n’en manque jamais, tant les ennemis redonnent vie et chakra en passant l’arme à gauche. En combat, il est possible de faire appel à un ami via une jauge spécial qui elle aussi se remplit trop vite. Celui-ci lancera alors un coup spécial et c’est tout. La caméra ne peut être contrôlée mais est déjà assez horrible comme ça (il arrivera souvent que l’on rate un coup par sa faute). La maniabilité est des plus mauvaises, et l’absence de visée automatique n’aide en rien. Quant à l’absence de garde… Signalons enfin que nous tenons le premier jeu au monde proposant un dash qui ne fait pas aller plus vite. Une belle liste de déceptions diverses et variées.La pauvreté du gameplay n’est en rien rattrapée par la réalisation misérable. Le jeu n’est ni plus ni moins qu’un exécrable beat’em all de Dreamcast. Les graphismes sont proches du pire jamais vu sur Wii, les textures et l’aliasing en étant les causes principales. Cela n’empêche pas le jeu de ralentir d’une façon assez impressionnante. Les environnements pauvres à souhaits sont quasiment les mêmes d’un monde à l’autre (le changement de texture des murs en plus) et souffrent d’une absence de level design affligeante. De même, les ennemis sont toujours les mêmes, quelques espèces dérivées en plusieurs couleurs. Le jeu n’aurait-il pas 10 ans de retard ? La moindre chute (ce qui du fait de la maniabilité et du level design bâclé arrivera souvent) force le joueur à recommencer la zone, ce qui devient vite irritant. Le titre comporte aussi quelques phases de jeu plus que dispensable et ratées, comme la phase où le vent nous pousse (et pas les ennemis bien sur) et où il faut un temps incroyable pour faire un mètre. Tout ça pour arriver devant un dragon dont le combat est aussi épique que la préparation d’un plat de pates fraiches, et que l’on achève bien vite avec un finish move qui ne demande même pas de se trouver près et/ou face au monstre.
Si vous n’avez pas compris que l’ennui qui découle de ce jeu est encore quelques miles au dessus de celui consistant à survivre à l’intégrale de Derrick, il reste de quoi vous faire entendre raison. L’absence de quêtes annexes ou de villages (et boutiques), la seule énigme qui consiste à se placer sur un bouton pour ouvrir la porte juste à côté, la durée de vie proche des 6h, et de moins de la moitié si on passe les dialogues. En bref, il y a de quoi se bouffer un bras. Le multijoueur finit d’achever le titre, en proposant juste d’incarner Naruto et Sasuke pour se taper dessus, et l’IA en mode solo ne vole pas très haut. Alors que reste-t-il à sauver ? Peut être les musiques, et encore. Précisons enfin que, contrairement aux américains, nous avons le droit au doublage japonais, ce qui n’est pas plus mal.
Le verdictRetour au sommaire
Echec complet pour ce nouvel opus de Naruto. Tentant d’offrir un gros bloc d’inédit, le jeu rate la totalité de ce qu’il entreprend. Il en résulte un titre des plus ennuyeux que même les fans absolu renieront sans hésiter avant de retourner sur Ninja Storm. Je le conseille cependant à l’ensemble des développeurs de jeu vidéo, qui trouveront là un magnifique cas d’école de tout ce qu’il ne faut pas faire dans la création d’un jeu.