Test de Saw : l'horreur ludique à l'état brut
Comme certains ont grandi en flippant devant Halloween, Massacre à la Tronçonneuse ou encore L’Exorciste, d’autres, plus jeunes, tirent leurs plus grands frissons de séries gentiment trashs dont Saw est sans aucun doute l’emblème. Fait surprenant en ce troisième millénaire, il aura fallu attendre la sortie du sixième film (pas de blague, c’est promis) pour voir débarquer la première adaptation en jeu vidéo. Un survival-horror de la part de Konami, est-ce le Saw d’un titre de qualité ?
Saw, le jeu, reprend évidemment l’univers des films éponymes. Sans doute pas autorisé à toucher à la pourtant peu ragoutante continuité scénaristique des longs métrages, Zombie Studio a du se contenter de faire une sorte de spin-off du premier épisode. On y incarne donc le détective Tapp, qui n’a physiquement plus grand-chose à voir avec Danny Glover, qui incarnait pourtant le personnage à l’écran. Enfermé dans l’asile White Hurst, il devra réussir un tas d’énigmes pour espérer se sortir vivant du chemin parsemé de pièges que lui a préparé le tueur aux puzzles. Tout un programme.
Mais Tapp n’est pas seul. Cherchant à extraire de son corps la clé de leur liberté, soigneusement placée là par le tueur lui-même, de nombreuses énergumènes peuplent l’asile, dont on apprendra plus au fur et à mesure de l’aventure. On devra donc se méfier des pièges tendus par notre Nemesis, mais aussi de toute la faune présente dans ce sinistre lieu. L'objectif commun de tous vos ennemis est le suivant : vous tuer, puis vous dépecer pour survivre. Engageant, n'est-il pas ? Mélange de combats et d’énigmes, ce Saw la joue classique dans le fond, se différenciant dans la forme en utilisant parfaitement les codes esthétiques des films qu'il reprend.
Zombie Studio n’a en effet pas raté le principal intérêt de son sujet, l’ambiance. Avec des décors cradingues, des énigmes d’une rare violence en cas d’échec et un habillage sonore convaincant, Saw réussi donc a nous immerger correctement dans cette quête psychologique qui terminera comme elle a commencé, dans l’horreur la plus totale. Bien servie par des doublages (en version originale) relativement convaincus, l’intrigue aura le mérite de vous faire revisiter la « mythologie » Saw en vous proposant, à chaque fin de niveau, de sauver l’une des personnes qui comptent pour Tapp. Une bonne manière de revenir sur les films, sans pour autant apporter les réponses que les plus gros fans attendaient.
Si l'idée de revenir sur le passé du personnage s'avère intéressante, elle se traduit dans le jeu par une très forte hétérogénéité dans la progression. Les puzzles de fin de niveau sont en général bien faits, mais la progression plus classique entre ces moments de stress, au temps souvent compté, souffre de plusieurs écueils rédhibitoires. Un, les combats sont d'une imprécision et d'une mollesse à faire passer Silent Hill pour un modèle du genre. La faute à des animations trop robotiques et à des coups trop peu variés, qui, arme (de mêlée ou à feu) au poing ou non, sont de toutes manières trop difficile à porter correctement. Deux, les énigmes de base sont sans doute sympathiques, mais on les retrouve bien trop souvent pour qu'elles ne finissent pas par lasser. Engrenages à placer, actions contextuelles omniprésentes, terminal électrique à activer, on a toujours l'impression de faire la même chose entre les fins de niveaux, beaucoup plus intéressantes à regarder comme à jouer.
Trois, la construction des stages peine à convaincre. On enchaine les couloirs, certes plutôt bien fournis en détails scabreux, mais on a du mal à sentir la connexion entre les différents environnements, la variété n'étant de plus pas tellement évidente. Chaufferie, chambres capitonnées et morgue gardent au final toujours un peu les mêmes teintes et la même composition, le plaisir de la découverte s'effilochant grandement au fur et à mesure de l'aventure. Couplé à des sauvegardes et des checkpoints mal fichus, on obtient un mélange indigeste dont on a du mal à garder un bon souvenir une fois la console éteinte.
D'autant que la technique n'est pas à la hauteur de l'esthétique. Si le jeu est relativement joli, il souffre, en plus de son problème d'animation, d'un frame rate toussotant et de nombreux bugs de collision qui rappellent un peu les débuts de la 3D (un Saw dans le temps, en somme...). Ne terminons néanmoins pas cette critique sur une note négative : Saw propose tout de même un certain nombre de réjouissances macabres qu'apprécieront les fins connaisseurs d'horreur vidéo-ludique. Ainsi, fouiller à l'intérieur d'un cadavre ou d'un toilette plein de seringues, faire exploser la tête d'un ennemi en le maintenant à distance (merci, le collier de Jigsaw) ou encore devoir utiliser le flash d'un appareil photo pour se repérer dans la pénombre restent d'excellentes idées, qui ne suffisent néanmoins pas à sortir Saw de l'anonymat ludique dans lequel il se trouve.
Si Saw n’est pas la bouse absolue que l’on était en droit de craindre, il reste un survival-horror trop perclus de défauts pour que l’on s’y intéresse. Au-delà de son ambiance visuelle et sonore convaincante et d’un gore complètement assumé, la répétitivité de son action et la lourdeur des commandes en font un titre dont se passeront la plupart des joueurs, amateurs des films compris. Et ce, malgré quelques moments de stress délicieux. Entre quelques mois de développement supplémentaires pour un meilleur résultat et une sortie qui colle avec celle de Saw VI, Konami semble avoir tranché (dans le lard... bon, ok, je n'ai pas résisté...). Économiquement logique, ludiquement regrettable.
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La tête dans le Saw
Saw, le jeu, reprend évidemment l’univers des films éponymes. Sans doute pas autorisé à toucher à la pourtant peu ragoutante continuité scénaristique des longs métrages, Zombie Studio a du se contenter de faire une sorte de spin-off du premier épisode. On y incarne donc le détective Tapp, qui n’a physiquement plus grand-chose à voir avec Danny Glover, qui incarnait pourtant le personnage à l’écran. Enfermé dans l’asile White Hurst, il devra réussir un tas d’énigmes pour espérer se sortir vivant du chemin parsemé de pièges que lui a préparé le tueur aux puzzles. Tout un programme.
Mais Tapp n’est pas seul. Cherchant à extraire de son corps la clé de leur liberté, soigneusement placée là par le tueur lui-même, de nombreuses énergumènes peuplent l’asile, dont on apprendra plus au fur et à mesure de l’aventure. On devra donc se méfier des pièges tendus par notre Nemesis, mais aussi de toute la faune présente dans ce sinistre lieu. L'objectif commun de tous vos ennemis est le suivant : vous tuer, puis vous dépecer pour survivre. Engageant, n'est-il pas ? Mélange de combats et d’énigmes, ce Saw la joue classique dans le fond, se différenciant dans la forme en utilisant parfaitement les codes esthétiques des films qu'il reprend.
Vidéo #3 - Enigme
Saw - Enigme
Zombie Studio n’a en effet pas raté le principal intérêt de son sujet, l’ambiance. Avec des décors cradingues, des énigmes d’une rare violence en cas d’échec et un habillage sonore convaincant, Saw réussi donc a nous immerger correctement dans cette quête psychologique qui terminera comme elle a commencé, dans l’horreur la plus totale. Bien servie par des doublages (en version originale) relativement convaincus, l’intrigue aura le mérite de vous faire revisiter la « mythologie » Saw en vous proposant, à chaque fin de niveau, de sauver l’une des personnes qui comptent pour Tapp. Une bonne manière de revenir sur les films, sans pour autant apporter les réponses que les plus gros fans attendaient.
« Un Saw dans le temps, en somme... »
Si l'idée de revenir sur le passé du personnage s'avère intéressante, elle se traduit dans le jeu par une très forte hétérogénéité dans la progression. Les puzzles de fin de niveau sont en général bien faits, mais la progression plus classique entre ces moments de stress, au temps souvent compté, souffre de plusieurs écueils rédhibitoires. Un, les combats sont d'une imprécision et d'une mollesse à faire passer Silent Hill pour un modèle du genre. La faute à des animations trop robotiques et à des coups trop peu variés, qui, arme (de mêlée ou à feu) au poing ou non, sont de toutes manières trop difficile à porter correctement. Deux, les énigmes de base sont sans doute sympathiques, mais on les retrouve bien trop souvent pour qu'elles ne finissent pas par lasser. Engrenages à placer, actions contextuelles omniprésentes, terminal électrique à activer, on a toujours l'impression de faire la même chose entre les fins de niveaux, beaucoup plus intéressantes à regarder comme à jouer.
Trois, la construction des stages peine à convaincre. On enchaine les couloirs, certes plutôt bien fournis en détails scabreux, mais on a du mal à sentir la connexion entre les différents environnements, la variété n'étant de plus pas tellement évidente. Chaufferie, chambres capitonnées et morgue gardent au final toujours un peu les mêmes teintes et la même composition, le plaisir de la découverte s'effilochant grandement au fur et à mesure de l'aventure. Couplé à des sauvegardes et des checkpoints mal fichus, on obtient un mélange indigeste dont on a du mal à garder un bon souvenir une fois la console éteinte.
Vidéo #4 - Combat et horreur
Saw - Combat et horreur
D'autant que la technique n'est pas à la hauteur de l'esthétique. Si le jeu est relativement joli, il souffre, en plus de son problème d'animation, d'un frame rate toussotant et de nombreux bugs de collision qui rappellent un peu les débuts de la 3D (un Saw dans le temps, en somme...). Ne terminons néanmoins pas cette critique sur une note négative : Saw propose tout de même un certain nombre de réjouissances macabres qu'apprécieront les fins connaisseurs d'horreur vidéo-ludique. Ainsi, fouiller à l'intérieur d'un cadavre ou d'un toilette plein de seringues, faire exploser la tête d'un ennemi en le maintenant à distance (merci, le collier de Jigsaw) ou encore devoir utiliser le flash d'un appareil photo pour se repérer dans la pénombre restent d'excellentes idées, qui ne suffisent néanmoins pas à sortir Saw de l'anonymat ludique dans lequel il se trouve.
Conclusion
Si Saw n’est pas la bouse absolue que l’on était en droit de craindre, il reste un survival-horror trop perclus de défauts pour que l’on s’y intéresse. Au-delà de son ambiance visuelle et sonore convaincante et d’un gore complètement assumé, la répétitivité de son action et la lourdeur des commandes en font un titre dont se passeront la plupart des joueurs, amateurs des films compris. Et ce, malgré quelques moments de stress délicieux. Entre quelques mois de développement supplémentaires pour un meilleur résultat et une sortie qui colle avec celle de Saw VI, Konami semble avoir tranché (dans le lard... bon, ok, je n'ai pas résisté...). Économiquement logique, ludiquement regrettable.
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