Test Spartan : Total Warrior (GameCube, PS2, Xbox) : 0/10 sur JeuxVideo.fr

Depuis quelques années, les batailles épiques connaissent un net regain d’intérêt au cinéma comme dans le monde des Jeux Vidéo. Après avoir découvert qu’on pouvait rester viril en portant des sandales et une jupette, chacun rêve maintenant d’incarner un de ces héros aux muscles luisants, défiant à lui seul une armée entière avec le soutien des Dieux. C’est précisément ce que nous propose Spartan : Total Warrior

Avec l’univers de Sparte, les concepteurs avaient l’opportunité de construire un récit sortant de l’ordinaire, tant l’histoire et la mythologie spartiates sont riches et originales. La lecture de la notice est donc une déception. Vous êtes le héros sans famille ni passé, sans même un nom, vous exprimant par le combat pour transcender vos origines roturières, blablabla… Quel dommage de passer ainsi à côté de toute la mystique guerrière de Sparte pour s’en tenir à ces clichés familiaux ! De même, on peut sourire devant le joyeux mélange utilisé par Sega, entre personnages réels ayant vécu à cinq siècles d’intervalle et personnages mythologiques dont l’arrivée tient parfois du cheveu sur la soupe un peu contestable, comme l’apparition de Méduse reliée à une sorte de canon laser qui évoque plus un mauvais épisode de "Stargate" que les guerres médiques.Certes, les critères d’un jeu d’action ne sont pas ceux d’un cours de civilisation antique, mais choisir un univers avec un tel potentiel pour l’utiliser aussi mal est un peu regrettable. Heureusement, ce que Sparte rate en terme de profondeur scénaristique, il le compense plus que largement avec un rythme et une intensité qui nous immergent malgré tout dans l’histoire.

En effet, ces réserves disparaissent dès les premiers instants. Voir un général romain barbu dans la cinématique d’introduction prêterait à sourire si on avait du temps pour ça. Mais ce n’est pas le cas : les tours d’assaut romaines sont déjà en train d’approcher des murs de Sparte ! Vite, il faut repousser le premier assaut, se débarrasser des centurions pour perturber un tant soit peu le flot incessant des attaquants. Puis il faut protéger les sapeurs, qui viennent détruire les engins de guerre. Enfin c’est la victoire ! Une centaine de corps jonche la terrasse couverte de sang, on reprend son souffle, on espère une pause… Mais les romains attaquent plus loin, le Roi a besoin d’aide et si les portes de la cité venaient à céder, tout serait fini. Il me faut courir, Castor et Pollux n’attendront pas ! Une nouvelle bataille, contre des troupes toujours aussi nombreuses, un duel sanglant, des corps à corps, des encerclements, quand viendra le repos du guerrier ? Pas tout de suite, on m’appelle encore plus loin, et cette fois ci il faut lutter sur plusieurs fronts, déclencher les balistes au bon moment, utiliser et défendre le chaudron d’huile bouillante qui protège la porte, découper du romain en rondelles, tout en essayant de trouver un instant pour récupérer des objets bonus.Lorsque, enfin, avec la nuit, arrive un répit, on est saoulé de coups, comme un vrai combattant à l’issue d’une journée de guerre. Épuisé, heureux d’avoir survécu et de pouvoir enfin souffler un bref instant avant de repartir dans une mission d’infiltration du camp romain. L’intensité, le remarquable découpage en séquences brèves (qui évitent de tout refaire douze fois pour les phases les plus délicates, car on meurt régulièrement), nous entraînent dans l’action ; le sentiment d’être impliqué dans un conflit qui nous dépasse, et dont on peut cependant faire basculer l’issue est vraiment réussi.

L’enthousiasme doit cependant être un peu tempéré. Si l’ambiance est vraiment prenante, les combats restent souvent quelque peu simplistes. Se retrouver seul, ou presque, face à une centaine de romains plutôt agressifs et intelligents dans leurs tactiques d’approche, est grisant, et constitue un sérieux défi. Cependant, on apprend vite à maîtriser les quelques mouvements offensifs disponibles, et on découvre tout aussi rapidement que les méthodes simples sont les plus payantes. Finalement, on finit par se contenter de se déplacer de-ci de-là dans le champ de bataille tout en martyrisant le bouton d’attaque, ce qui se révèle être beaucoup plus rapide et efficace que de tenter des approches intelligentes. Quand on est entouré de dix adversaires, à quoi bon finasser avec des attaques précises quand on peut se contenter d’enchaîner des coups circulaires dévastateurs ? D’autant plus que la caméra est facétieuse, et que cibler un adversaire particulier n’a rien d’évident.Ainsi, la magie des premiers combats se disperse un peu trop rapidement. Mis à part quelques sections un peu plus subtiles, ou les combats de fin de mission face aux héros adverses, on finit par renoncer à la recherche des objets cachés ou de la meilleure approche du champ de bataille pour simplement foncer dans le tas, en espérant que la prochaine section imposera un peu plus de ruse ou un méchant un peu plus coriace, espoir hélas souvent déçu. Reste le plaisir simple des immenses défouloirs que constituent ces énormes batailles rangées à répétition !

Extrêmement spectaculaire et incroyablement intense, Spartan : Total Warrior produit une forte impression lors des premières parties. Le rythme littéralement épuisant des combats, le découpage plus que judicieux des séquences, les quantités démentielles d’adversaires à affronter simultanément, les cinématiques parfaitement dosées nous font participer au récit et s’identifier au personnage de manière remarquable. Hélas, si ce système est très prenant dans un premier temps, le manque de subtilité de l’action et le peu de profondeur du récit font que l’on se lasse trop vite.