Test Venetica (Xbox 360, PS3) : 5/10 sur JeuxVideo.fr

Spécialistes des jeux d'aventures dans le style point & click, notamment avec la série Ankh, les développeurs de Deck 13 changent radicalement de direction pour se tourner vers un tout autre genre. Avec Venetica, c'est le jeu de rôle action qui est à l'honneur. En ce domaine, la concurrence est rude et les derniers titres sortis aussi bien sur PC que sur Xbox 360 ont placé la barre assez haut. Venetica arrivera-t-il à trouver sa place parmi les titres majeurs du genre ?



C'est le milieu de l'été et dans le petit village de San Pasquale la vie se déroule paisiblement. C'est par une bien agréable soirée que Scarlett et Bénédict discutent tranquillement quand soudain, l'alerte est donnée. D'étranges individus cagoulés surgissent de toutes parts et commencent à attaquer le village et à incendier les habitations. Bénédict, chevalier en formation, se lance à leur poursuite, tandis que Scarlett fuit pour se mettre à l'abri. Hélas pour elle, elle chute et doit se défendre avec les moyens du bord. Mais les forces adverses sont bien trop nombreuses et semblent l'avoir prise spécifiquement pour cible. Faisant tout pour la sauver, Bénédict y laissera la vie. Désormais Scarlett est animée d'une étrange volonté. En effet, elle se révèle être la fille de la Mort et ses pouvoirs latents ne demandent qu'à être réveillés. Elle doit alors choisir la voie de la vengeance ou celle pour le retour de son bien-aimé.

Venetica nous propose donc de l'action et de nombreux éléments de jeu de rôle. En ce qui concerne ce point spécifique, nous avons à faire à du très classique. Scarlett dispose de quatre caractéristiques principales (Constitution, Sagesse, Force et Pouvoir spirituel) qui évolueront au fur et à mesure de ses montées en niveaux. L'expérience nécessaire à cela s'obtient en accomplissant des quêtes et en se débarrassant de ses adversaires. Par contre, n'espérez pas faire monter Scarlett rapidement, car les ennemis vaincus ne reviennent jamais sauf en de rares endroits.

Notre héroïne peut manier quatre armes différentes (faux, épée, lance et marteau), chacune associée à un arbre de talent. Ainsi, après avoir trouvé un Maître il est possible de dépenser les points acquis pour acquérir de nouvelles techniques et pouvoir, par exemple, effectuer une parade suivie d'une contre-attaque ou bien enchaîner de nombreux coups augmentant en puissance. Mais, fille de la Mort oblige, Scarlett dispose également de pouvoirs magiques dont l'utilité se révèle toute relative, l'attaque physique se révélant plus que souvent suffisante pour se sortir de bien des situations, sauf celles scénarisées demandant expressément l'utilisation de la puissance mystique.

Rien qu'à la lecture de ces deux paragraphes, vous devez sentir qu'une forte linéarité nous guide. En effet, les montées en niveaux sans possibilité de level-up et l'utilisation scriptée de ses pouvoirs n'en sont qu'une partie. Si l'on nous promet au dos de la boîte un monde ouvert, il s'avère rapidement qu'il n'en est rien. Ah ça oui, c'est certain, la profondeur de champ est importante et où que l'on tourne notre regard, d'agréables environnements, architectures et autres grands espaces s'offrent à nos yeux, et ces derniers sont véritablement agréables à regarder. Seulement nous nous retrouvons dans des couloirs et le moindre désir d'exploration est éteint rapidement en raison des murs invisibles. On est ainsi très guidé durant tout le premier chapitre jusqu'à ce que l'on arrive à Venise. Et là, la progression reste encore linéaire même si la profusion des multiples quêtes secondaires donne l'impression d'un semblant de liberté.





L'univers de Scarlett est guidé par des choix. Dès le début de l'aventure, elle devra décider entre se venger, retrouver l'amour de sa vie ou rétablir l'équilibre. Il en va de même lors des dialogues avec les différents personnages rencontrés, où il faudra à nouveau opter entre la vengeance, la raison ou la neutralité. Enfin, trois guildes régissent la ville de Venise et ces dernières correspondent à nouveau aux mêmes choix. L'appartenance à l'une d'entre elles nous ferme la porte à toutes les autres. Seulement voilà, au final, tout conduit à la même chose et il n'y a qu'une seule voie qui nous fait affronter le boss présent au bout du chemin et ainsi progresser dans d'autres quartiers de la ville. De même, nos choix lors des dialogues n'influencent pas sur les quêtes à prendre, mais juste sur les gains d'expérience.

Venetica souffre malheureusement d'une réalisation en demi-teinte gâchée d'autant plus par une réalisation générale quelque peu datée. Le côté cartoon ne plaira certainement pas à tout le monde (personnellement j'adore mais bon...) mais c'est le style adopté par Deck 13 depuis le début, leur patte artistique qui permet de reconnaître leurs jeux. Le problème n'est pas là, mais bien dans l'aspect technique qui manque nettement de finition. Et cela va des murs invisibles évoqués précédemment aux bogues de collisions (en plein combat c'est catastrophique), en passant par les objets en suspension dans l'air, les personnages assis sur des chaises inexistantes, etc. Si les environnements restent très agréables sur les panoramas et les visions d'ensembles, dès que l'on s'approche un peu près on se rend compte du manque de finesse des textures.

Que ce soit sur PC ou sur Xbox 360, le titre de Deck 13 souffre de fréquents ralentissements même si la version PC propose une bien meilleure fluidité à condition de ne pas monter trop haut dans les résolutions d'écran. Cette dernière version est plus agréable visuellement également en raison de la possibilité de pouvoir ajuster l'anticrénelage au contraire de la version Xbox 360. Par contre, la maniabilité à la manette est bien plus pratique que celle au clavier et certaines combinaisons sont ainsi bien plus réactives. Heureusement, il est possible de connecter une manette à son PC. Par contre, quel que soit le support, il faut en permanence se battre avec la caméra à recadrer régulièrement.

Les combats sont fréquents dans Venetica et sont essentiellement basés sur le bon rythme d'attaque, de parade, d'esquive et de contre-attaque. Les adversaires en face de nous ne sont pas des plus intelligents et si vous voulez leur faire perdre tous leurs moyens, n'hésitez pas à les coincer contre un mur ou à les attaquer à travers une porte pour les éliminer sans vous faire toucher. Les pouvoirs magiques, s'ils sont utiles, sont loin d'être indispensables sauf cas particuliers comme nous l'avons déjà évoqué. Quelques énigmes surviennent ponctuellement, mais elles ne sont pas du tout compliquées. Pour ouvrir les très nombreuses serrures, un mini jeu sous forme d'un Simon (reproduire une série couleur plus ou moins longue dans le bon ordre) nous est proposé.

L'aventure est longue et comptez sur une bonne trentaine d'heures pour tout voir surtout si vous désirez accomplir la multitude de quêtes annexes. Le doublage français est fluctuant et peut aller du bon au médiocre selon les personnages. Les musiques sont insipides et les bruitages restent corrects. Scarlett reste une héroïne qui bénéficie d'un bon charisme, d'un charme certain et qui possède une panoplie d'animation très complète et bien détaillée. Élément agréable, le cycle jour/nuit a une réelle influence, avec les marchands fermés la nuit ou bien les rues de Venise qui deviennent beaucoup moins sûres.





Venetica souffre d'une réalisation datée et de nombreux petits défauts contraignants. Mais n'allez pas croire qu'il est injouable ou désagréable. Non c'est simplement une accumulation de plusieurs petits défauts qui parfois fait simplement sourire, souvent agace et parfois gâche l'expérience de jeu. Cependant, l'histoire est intéressante, les quêtes nombreuses, l'action ne manque pas, les combats sont dynamiques et techniques, le côté aventure avec ses énigmes est bien présent, l'exploration est agréable visuellement. Il arrive malheureusement après des titres majeurs comme Divinity II ou Risen et ne fait pas le poids. Un très bon potentiel handicapé par une réalisation en demi-teinte qui laisse présager du mieux pour une éventuelle suite ou pour un autre titre de Deck 13 dans cette catégorie aventure/action.