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Interview de Shuei Yoshida : le futur de Sony, les prochains jeux, la PS Vita, le cloud gaming
Le Président de Sony Worldwide Studios se livre lors d'une interview où il évoque notamment le futur du jeu vidéo, même si la PS3 semble avoir encore de beaux jours devant elle.
C'est dans un hôtel parisien que nous avons eu la chance de rencontrer le sémillant Shuei Yoshida, responsable de l'ensemble des studios qui travaillent sur les différentes plateformes PlayStation. Cet entretien fut l'occasion de parler PS Vita et de se projeter vers l'avenir en évoquant les sujets du free-to-play et du cloud gaming. Si l'intéressé esquive toutes les questions relatives à la PS4, nous avons quand même pu obtenir des bribes d'informations sur les prochains axes de développement du constructeur nippon.
JeuxVideo.fr : Un an après le lancement de la PS Vita au Japon, pouvez-vous nous dire quels sont aujourd'hui vos principaux challenges avec cette console ?
Suhei Yoshida : Vous savez, l'industrie a changé de manière très rapide. Mais lorsque nous avons commencé à développer la PS Vita, nous étions au courant de toutes ces modifications, notamment sur l'importance que prendraient les tablettes et smartphones auprès des consommateurs. Nous avons ainsi repris plusieurs composantes de ces plateformes sur Vita, comme la dimension tactile ou encore la 3G. Donc depuis le début, nous étions, je pense, vraiment en phase avec le marché. Mais notre idée, notre proposition n'a pas changé depuis le début : nous voulions concevoir la meilleure console portable de jeux vidéo. Et je pense qu'on répond vraiment bien à cette promesse aujourd'hui, en témoigne les différents retours des joueurs. Mais il est très clair que les méthodes de consommation ont clairement changé, on ne joue plus de la même façon.
Je pense que nous devons donc continuer, rester dans la même position et montrer aux consommateurs que nous proposons une qualité supérieur aux autres hardware en terme de jeux video. Mais d'un autre côté, on ne peut pas fermer les yeux non plus sur le reste du marché. C'est donc un gros challenge pour nous de prouver que nous avons un produit compétitif et intéressant pour toute cette nouvelle tranche de joueurs. Mais selon moi, il y a un défi encore plus important. Avec l'essor des smartphone et du social gaming par exemple, de nombreux éditeurs et développeurs ont basculé leurs ressources pour produire des jeux sur ces supports. C'est donc forcément très difficile pour nous d'aller les voir pour les convaincre de s'investir sur une nouvelle console portable. Je pense que nous devons travailler encore plus sur cet aspect.
JeuxVideo.fr : Pensez-vous que les développeurs exploitent pleinement les capacités de la PS Vita ?
Suhei Yoshida : Je pense que cela va de mieux en mieux. Vous savez, les jeux lancés cette année sur PS Vita représentent bien souvent des expérimentations faites par des studios dont il s'agit du premier projet sur cette console. C'est donc logique qu'ils ne l'exploitent pas à fond. Mais je reconnais qu'il y a quelques manques à ce niveau là, on peut faire beaucoup mieux. Je suis certain que nous verrons apparaître des jeux beaucoup plus aboutis durant le prochain cycle de développement, donc dès l'année prochaine.
JeuxVideo.fr : Au niveau des ressources de développement, est-ce difficile pour vous de jongler entre plusieurs plateformes ?
Suhei Yoshida : Oui et non. Vous savez, ce n'est pas la première fois que l'on doit gérer deux machines en simultanée. Avec la PSP, j'avoue que c'était beaucoup plus compliqué, car la PS3 sortait dans la foulée. Je me souviens que c'était très difficile pour nous de supporter la PSP étant donné que la PS3 nous prenait une grande partie des ressources pendant cette période de lancement, bien plus que la PS2 à l'époque. Honnêtement, nous avons peut-être fait une erreur à ce niveau-là en délaissant un peu la PSP, du moins au niveau des ressources de développement. Fort de cette expérience, je pense que nous avons aujourd'hui une bien meilleure gestion et nous avons réussi à trouver un bon équilibre pour chacune de nos consoles.
JeuxVideo.fr : Considérez-vous que le fait de lancer de nouvelles licences sur PS3, comme Beyond ou encore The Last Of Us, constitue un risque étant donné que nous sommes à la fin de cette génération ?
Suhei Yoshida : Je pense que nous devons attendre encore un peu avant de parler de la fin de cette génération, même si vous avez raison, ces lancements interviennent tardivement dans le cycle actuel. Mais vous savez, si l'on compare à la PS2, nous n'avons pas encore atteint la même base, ce cycle est clairement plus long et nous avons encore la possibilité de gagner du terrain avec la PS3. Pour en revenir aux jeux, vous savez que Naughty Dog a déjà produit trois épisodes de Uncharted. Je pense que demander à Naughty Dog de concevoir un quatrième volet sur la même plateforme aurait été très dangereux.
Les développeurs peuvent rentrer dans une certaine facilité et les joueurs se lasser de la franchise. C'est donc une très bonne chose que le studio s'essaie à quelque chose de complètement nouveau. Et quand j'ai vu la réaction du public lors de l'annonce de Beyond et The Last Of Us, j'étais vraiment très content. Certains joueurs disent même que The Last Of Us sera encore meilleur qu'Uncharted, ce qui est très positif. Je suis donc certain que les joueurs sont prêts à s'investir dans de nouvelles licences sur PS3.
JeuxVideo.fr : Yves Guillemot, le PDG d'Ubisoft, déclarait récemment que les éditeurs se trouvaient pénalisés à cause des constructeurs qui tardent à lancer leurs nouvelles consoles, qu'en pensez-vous ?
Suhei Yoshida : En effet, la question est très complexe venant d'un éditeur. Comme on le sait tous, Ubisoft est un acteur du marché extrêmement proactif sur les nouvelles plateformes... Je pense que c'est un commentaire important.
JeuxVideo.fr : The Last Guardian est très attendu en France. Pouvez-vous confirmer ici à nos lecteurs que le jeu arrivera bien l'année prochaine sur PS3 ?
Suhei Yoshida : Non, désolé, je ne peux pas dire ça... Car la dernière fois que nous avons parlé d'une date pour The Last Guardian, nous avions finalement déçu beaucoup de monde. Mais je peux vous dire que l'équipe travaille d'arrache-pied sur le projet et notamment le moteur. C'est justement parce que les équipes travaillent sur l'aspect technique du jeu que nous n'avons rien de concret à vous montrer aujourd'hui. J'attends donc maintenant le bon moment pour pouvoir vous présenter The Last Guardian et parler en toute sérénité d'une date de sortie.
JeuxVideo.fr : Comment décidez-vous de l'équilibre entre les productions AAA et les jeux plus originaux, comme Puppeteer ou ceux à destination du PSN ?
Suhei Yoshida : Tout d'abord, je tiens à préciser que pour nous, Puppeteer est davantage considéré comme un titre AAA. Il sortira d'ailleurs en boîte. Nous n'avons pas encore montré tout son potentiel, mais je peux vous assurer que ce sera un titre très intéressant. Le marché nous pousse aujourd'hui dans deux directions : concevoir des jeux à plus petits budgets et originaux ou travailler sur de grosses productions. De nos jours, trouver le juste milieu s'avère très compliqué. Il n'y a plus de place pour les jeux moyens, les éditeurs sont donc souvent dans l'obligation de choisir l'un ou l'autre. Je remarque que les jeux originaux et à plus petit budget ont aujourd'hui trouvé leur public, c'est donc important pour nous d'encourager la créativité au travers de ce nouveau segment.
JeuxVideo.fr : Sony a récemment racheté la société Gaikai, pensez-vous que le cloud gaming représente le futur du jeu vidéo ?
Suhei Yoshida : Oui, dans une certaine mesure. Je veux dire, le cloud gaming ne va pas bouleverser nos habitudes du jour au lendemain. C'est un prolongement normal et cohérent pour notre industrie, qui s'inscrit dans l'ère du temps. Regardez ce qui se fait déjà du côté des autres médias, comme la télévision, le cinéma ou encore la musique. Pouvoir profiter de son contenu de partout me parait logique, comme l'idée de pouvoir démarrer une partie pour la continuer ailleurs.
Mais nous devons faire face à de véritables défis techniques avec le streaming et les serveurs. C'est donc plus compliqué pour nous à mettre en place, notamment à cause de la latence. C'est un gros challenge de faire en sorte que cette technologie soit accessible à tous. Il faut développer toute une infrastructure et établir des serveurs un peu partout, puis travailler avec plusieurs prestataires pour rendre tout cela pleinement opérationnel. Nous bossons donc actuellement avec les équipes de Gaikai pour voir comment avancer à court terme. Sur le long terme, je pense que nous aurons une multitude de services utilisant le cloud gaming sur nos différentes plateformes. C'est un dispositif d'avenir très intéressant.
JeuxVideo.fr : Le free-to-play est un modèle économique qui intéresse de plus en plus d'éditeurs. Étudiez-vous également ce système pour des jeux à venir sur vos plateformes ?
Suhei Yoshida : Bien sûr, c'est quelque chose que nous étudions avec attention... Déjà, je comprends le raisonnement de ce système. Pour les consommateurs, c'est logique de pouvoir essayer un jeu avant de l'acheter. Justement, on parlait avant de la difficulté rencontré par l'industrie pour vendre des jeux à budget moyen au même prix que les AAA, soit environ 70 euros. Pour moi, le modèle du free-to-play est donc une bonne occasion pour ces titres de percer et d'exister. Mais le game design doit aussi complètement évoluer ; vous ne pouvez pas tout offrir. Il faut ensuite faire très attention à l'équilibre, car les joueurs sont très vigilants, vous ne pouvez pas leur vendre n'importe quoi au sein du jeu. C'est une nouvelle frontière que l'industrie explore actuellement, en s'appuyant sur le succès de certains jeux sur PC. Ce qui se passe est vraiment très excitant.
JeuxVideo.fr : Dernière question, quel seront vos défis majeurs pour l'année à venir ?
Suhei Yoshida : L'année prochaine, nous avons de multiples lancements à assurer, dont plusieurs jeux qui n'ont pas encore été annoncés. La première partie sera donc de révéler ces jeux à la presse et au public. Il y a aussi, comme vous le savez, The Last Of Us et Beyond. On va donc gonfler notre line-up sur PS3 et bien évidemment sur PS Vita.
Je pense que nous devons donc continuer, rester dans la même position et montrer aux consommateurs que nous proposons une qualité supérieur aux autres hardware en terme de jeux video. Mais d'un autre côté, on ne peut pas fermer les yeux non plus sur le reste du marché. C'est donc un gros challenge pour nous de prouver que nous avons un produit compétitif et intéressant pour toute cette nouvelle tranche de joueurs. Mais selon moi, il y a un défi encore plus important. Avec l'essor des smartphone et du social gaming par exemple, de nombreux éditeurs et développeurs ont basculé leurs ressources pour produire des jeux sur ces supports. C'est donc forcément très difficile pour nous d'aller les voir pour les convaincre de s'investir sur une nouvelle console portable. Je pense que nous devons travailler encore plus sur cet aspect.
Suhei Yoshida : Je pense que cela va de mieux en mieux. Vous savez, les jeux lancés cette année sur PS Vita représentent bien souvent des expérimentations faites par des studios dont il s'agit du premier projet sur cette console. C'est donc logique qu'ils ne l'exploitent pas à fond. Mais je reconnais qu'il y a quelques manques à ce niveau là, on peut faire beaucoup mieux. Je suis certain que nous verrons apparaître des jeux beaucoup plus aboutis durant le prochain cycle de développement, donc dès l'année prochaine.
Suhei Yoshida : Oui et non. Vous savez, ce n'est pas la première fois que l'on doit gérer deux machines en simultanée. Avec la PSP, j'avoue que c'était beaucoup plus compliqué, car la PS3 sortait dans la foulée. Je me souviens que c'était très difficile pour nous de supporter la PSP étant donné que la PS3 nous prenait une grande partie des ressources pendant cette période de lancement, bien plus que la PS2 à l'époque. Honnêtement, nous avons peut-être fait une erreur à ce niveau-là en délaissant un peu la PSP, du moins au niveau des ressources de développement. Fort de cette expérience, je pense que nous avons aujourd'hui une bien meilleure gestion et nous avons réussi à trouver un bon équilibre pour chacune de nos consoles.
Suhei Yoshida : Je pense que nous devons attendre encore un peu avant de parler de la fin de cette génération, même si vous avez raison, ces lancements interviennent tardivement dans le cycle actuel. Mais vous savez, si l'on compare à la PS2, nous n'avons pas encore atteint la même base, ce cycle est clairement plus long et nous avons encore la possibilité de gagner du terrain avec la PS3. Pour en revenir aux jeux, vous savez que Naughty Dog a déjà produit trois épisodes de Uncharted. Je pense que demander à Naughty Dog de concevoir un quatrième volet sur la même plateforme aurait été très dangereux.
Les développeurs peuvent rentrer dans une certaine facilité et les joueurs se lasser de la franchise. C'est donc une très bonne chose que le studio s'essaie à quelque chose de complètement nouveau. Et quand j'ai vu la réaction du public lors de l'annonce de Beyond et The Last Of Us, j'étais vraiment très content. Certains joueurs disent même que The Last Of Us sera encore meilleur qu'Uncharted, ce qui est très positif. Je suis donc certain que les joueurs sont prêts à s'investir dans de nouvelles licences sur PS3.
Suhei Yoshida : En effet, la question est très complexe venant d'un éditeur. Comme on le sait tous, Ubisoft est un acteur du marché extrêmement proactif sur les nouvelles plateformes... Je pense que c'est un commentaire important.
Suhei Yoshida : Non, désolé, je ne peux pas dire ça... Car la dernière fois que nous avons parlé d'une date pour The Last Guardian, nous avions finalement déçu beaucoup de monde. Mais je peux vous dire que l'équipe travaille d'arrache-pied sur le projet et notamment le moteur. C'est justement parce que les équipes travaillent sur l'aspect technique du jeu que nous n'avons rien de concret à vous montrer aujourd'hui. J'attends donc maintenant le bon moment pour pouvoir vous présenter The Last Guardian et parler en toute sérénité d'une date de sortie.
Suhei Yoshida : Tout d'abord, je tiens à préciser que pour nous, Puppeteer est davantage considéré comme un titre AAA. Il sortira d'ailleurs en boîte. Nous n'avons pas encore montré tout son potentiel, mais je peux vous assurer que ce sera un titre très intéressant. Le marché nous pousse aujourd'hui dans deux directions : concevoir des jeux à plus petits budgets et originaux ou travailler sur de grosses productions. De nos jours, trouver le juste milieu s'avère très compliqué. Il n'y a plus de place pour les jeux moyens, les éditeurs sont donc souvent dans l'obligation de choisir l'un ou l'autre. Je remarque que les jeux originaux et à plus petit budget ont aujourd'hui trouvé leur public, c'est donc important pour nous d'encourager la créativité au travers de ce nouveau segment.
Suhei Yoshida : Oui, dans une certaine mesure. Je veux dire, le cloud gaming ne va pas bouleverser nos habitudes du jour au lendemain. C'est un prolongement normal et cohérent pour notre industrie, qui s'inscrit dans l'ère du temps. Regardez ce qui se fait déjà du côté des autres médias, comme la télévision, le cinéma ou encore la musique. Pouvoir profiter de son contenu de partout me parait logique, comme l'idée de pouvoir démarrer une partie pour la continuer ailleurs.
Mais nous devons faire face à de véritables défis techniques avec le streaming et les serveurs. C'est donc plus compliqué pour nous à mettre en place, notamment à cause de la latence. C'est un gros challenge de faire en sorte que cette technologie soit accessible à tous. Il faut développer toute une infrastructure et établir des serveurs un peu partout, puis travailler avec plusieurs prestataires pour rendre tout cela pleinement opérationnel. Nous bossons donc actuellement avec les équipes de Gaikai pour voir comment avancer à court terme. Sur le long terme, je pense que nous aurons une multitude de services utilisant le cloud gaming sur nos différentes plateformes. C'est un dispositif d'avenir très intéressant.
Suhei Yoshida : Bien sûr, c'est quelque chose que nous étudions avec attention... Déjà, je comprends le raisonnement de ce système. Pour les consommateurs, c'est logique de pouvoir essayer un jeu avant de l'acheter. Justement, on parlait avant de la difficulté rencontré par l'industrie pour vendre des jeux à budget moyen au même prix que les AAA, soit environ 70 euros. Pour moi, le modèle du free-to-play est donc une bonne occasion pour ces titres de percer et d'exister. Mais le game design doit aussi complètement évoluer ; vous ne pouvez pas tout offrir. Il faut ensuite faire très attention à l'équilibre, car les joueurs sont très vigilants, vous ne pouvez pas leur vendre n'importe quoi au sein du jeu. C'est une nouvelle frontière que l'industrie explore actuellement, en s'appuyant sur le succès de certains jeux sur PC. Ce qui se passe est vraiment très excitant.
Suhei Yoshida : L'année prochaine, nous avons de multiples lancements à assurer, dont plusieurs jeux qui n'ont pas encore été annoncés. La première partie sera donc de révéler ces jeux à la presse et au public. Il y a aussi, comme vous le savez, The Last Of Us et Beyond. On va donc gonfler notre line-up sur PS3 et bien évidemment sur PS Vita.
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