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Publiée le 29/08/2014 à 18:08, par Pauline

Sexisme, scandale éthique et jeux vidéo

Difficile ces derniers jours de passer à côté de « l’affaire Zoe Quinn », le sexisme bien trop présent et le danger du harcèlement. Une question ressort : est-il possible d’occulter le facteur personnel quand il s'agit des indépendants ?

Ah Internet. Ses memes, ses lolcats, ses dramas et ses petits anonymes bien cachés derrière leur écran. Zoe Quinn est une développeuse américaine de 27 ans dont le jeu, Depression Quest, est disponible gratuitement sur Steam depuis le 11 aout dernier.

Depuis une semaine, elle est victime d’un harcèlement massif de la part d’utilisateurs de Wizardchan, 4chan, Reddit mais aussi Twitter. Son adresse et son numéro de téléphone ont ainsi été diffusés à grande échelle, son nom largement bafoué sur la toile et sa vie intime décortiquée. La raison ? Une histoire de fesse dont on trouvera des résumés plus ou moins croustillants çà et là sur la toile.

Le harcèlement en ligne, nouvelle sentence du publicRetour au sommaire
Les cas de harcèlement sur internet de la part des utilisateurs ne sont pas nouveaux. Si l’on n’a pas attendu l’avènement d’internet pour que les foules brûlent des sorcières, le harcèlement en ligne est bien plus difficile à maîtriser à cause de son lot d’inconnus et du cercle vicieux des réseaux sociaux.

Dans le milieu vidéoludique, il n’est pas rare de lire que des studios ont reçu des menaces. On s’attaque ici à une cible masculine identifiée sous une entité (X studio, Y éditeur).

On en entend peu parler, une actualité par-ci par-là, mais pas de déchaînement massif sur les forums ou les réseaux sociaux. Pas parce que le harcèlement contre des hommes est plus discret ou moins violent, mais parce que les raisons de ces attaques sont beaucoup moins sujettes au déchainement passionnel et ne concernent pas l'intimité d'une personne.

On menacera des équipes de développeurs de mort ou d’autres joyeusetés pour des raisons marketing : un jeu annulé, un studio racheté (exemple du rachat d’Oculus VR par Facebook). On touche à du produit concret, vendable en somme.

Philfish
Phil Fish a par exemple été victime de piratage, voyant ses identifiants Paypal dévoilés et le site de sa compagnie Polytron piraté. Le créateur de Fez a annoncé quitter définitivement l'industrie, et mettre sa licence en vente.



Harcèlement féminin, une violence ultracibléeRetour au sommaire
Les communautés citées précédemment sont réputées virulentes et ont déjà fait leurs armes en matière de harcèlement de femmes du milieu. Anita Sarkeesian, par exemple, avait déjà été victime de ces communautés en 2012 et se trouve être à nouveau la cible de harcèlement et de menaces de mort suite à sa dernière vidéo.

Rien ne justifie le harcèlement ni les conséquences graves qu’il peut avoir sur la victime, qu’il s’agisse d’histoires personnelles ou simplement parce que l’on déconstruit des images véhiculées dans les jeux vidéo.

Dans le harcèlement féminin, il n’y a pas de place pour se défendre : la femme est une menteuse, elle provoque ces agissements. Elle se « plaint » des menaces de viol/de meurtre uniquement pour qu’on la remarque, pour qu’on remarque son travail parce qu’au fond, c’est une attention whore.

Zoe Quinn ou Anita Sarkeesian sont loin d’être des cas isolés. Des développeuses ont déjà tiré la sonnette d'alarme sur le harcèlement et la divulgation de données, mais aussi sur le sexisme qu'elles rencontraient de la part du public. Ce harcèlement est devenu presque "normal", automatique. Si quelque chose ne plait pas, on appelle 4chan à la rescousse et là :

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Un constat alarmantRetour au sommaire
Les joueuses et professionnelles témoignent de plus en plus des formes de sexisme et de harcèlement dont elles sont victimes. On constate facilement que les raisons qui poussent au harcèlement d’un homme (ou d’une entité masculine) concernent le fruit d’un travail (ou son absence).

Dès qu’il s’agit d’une femme, ce n’est pas ce qu’elle produit qui est montré du doigt, c’est elle. Son style de vie, ses fréquentations, sa sexualité, son physique… on aborde automatiquement le privé pour justifier le public.

L'intime écrase le professionnel et devient une source de légitimité absolue alors que ces deux sphères n'ont pas à se mêler. Dans ces formes de harcèlement, on ne parle pas juste de mentions sur Twitter ou de spam sur Facebook mais de la mise en danger d’une ou plusieurs personnes.



La ritournelle infatigable « toutes des salopes » devient l’argument de base.


Par contre, quand un homme marchande en nature, « c’est normal dans le milieu » et le cas sera pris à l'envers : la victime devient la corruptrice qui pousse à agir de la sorte.

La mise en lumière de ces nombreux cas de harcèlement a fait émerger un autre discours. Après le #notallmen pour dénoncer l’idée que tous les hommes sont des violeurs, c'est #notallgamers qui a fait son apparition sur Twitter, pour revendiquer que tous les joueurs ne sont pas sexistes. Bien sûr. Personne n'a d'ailleurs accusé ni tous les hommes d’être des violeurs ni tous les joueurs d'être des harceleurs ou des misogynes.

Le constat reste que le milieu est fortement gangréné par ces préconçus, ces clichés autour des femmes autant du côté joueur que du côté développeur. Savoir s'en rendre compte et changer son attitude n'est pas honteux, bien au contraire. Cette démarche est fortement encouragée.

Journalistes et indépendants, la collusion fantasmée ?Retour au sommaire
L’autre point soulevé par le Quinnsgate, c’est le supposé arrangement en nature entre une indépendante et un journaliste pour avoir des articles positifs sur le travail de cette dernière.

La nature-même d’un indépendant le pousse à être en contact direct avec les journalistes, s’il veut que son jeu soit connu du public. Une campagne de financement participatif et un compte Twitter ne suffisent malheureusement pas. Un indépendant ne bénéficie pas de tout le fatras marketing et de la communication des gros éditeurs et doit aller à la rencontre des rédactions.

Il est plus facile de nouer un lien avec des indépendants, par leur proximité, leur « humanité » et surtout leur disponibilité. On pourra bien plus facilement discuter avec eux autour d’un verre qu’avec l’un des scénaristes du dernier AAA en date. La dimension personnelle est ici très forte. Et écrire des actualités à propos d’un jeu indé, dont on connaîtra le créateur ou que l'on aura juste financé via une campagne participative, en dire du bien, valoriser son travail… est-ce être corrompu ? Non. Peut-être juste humain, respectueux ou simplement passionné.

Cette dimension personnelle est tout aussi palpable avec le public. A nouveau, la proximité des créateurs (via les réseaux sociaux) joue énormément dans cet aspect affectif. D'autant plus s'il s'agit d'un jeu financé grâce à des plateformes de financement participatif, où le joueur participe à l'élaboration du jeu par son apport monétaire. Il sera plus facile de créer un "contact" avec le créateur de The Stanley Parable qu'avec un des game-designers de Call of Duty, et donc aussi plus facile de s'attaquer directement à lui en cas de mécontentement.

Dans le cas des gros éditeurs, les suspicions se portent sur des arrangements financiers ou matériels. Tout le monde se souvient évidemment du Doritosgate. Mais combien d’exemples y-a-t-il pour combien de journalistes exerçant dans le jeu vidéo ? On pourrait partir dans de sublimes allégations car personne ne sait. Et nombreux sont ceux qui croient en la déontologie.



Tout ça pour direRetour au sommaire
L’affaire Zoe Quinn n’est qu’une pierre de plus au triste monument de la misogynie dans le milieu vidéoludique. Mais elle soulève aussi des interrogations quant à l’évolution de la presse spécialisée vis-à-vis des développeurs indépendants.

Le site Polygon a publié un billet concernant leur politique éditoriale désormais adoptée concernant les plateformes de financement comme Kickstarter ou Patreon. L'avènement des productions indépendantes, force effectivement à revoir la pratique journalistique et surtout à proposer une transparence vis-à-vis de l'intérêt porté autour d'un jeu.

Quant au harcèlement féminin dans le milieu, on vous recommande chaudement un peu de lecture sur la culture du viol ou sur le slut-shaming .
Nous sommes tous passionnés par la même chose, si bien que toute cette violence à l’égard d’UNE seule femme est incompréhensible. La violence commune et quotidienne à l’égard des joueuses et des professionnelles l’est tout autant.

Le milieu s'entache et s'enlise dans des scandales mettant sérieusement des personnes en danger et décourageant celles et ceux souhaitant dénouer les problèmes.

Au final, on en oublierait presque ce pourquoi on est là. Et c’est triste.

Tous les commentaires

  • gamerdudimanche
    30/08/2014 12:31:42

    daerlnaxe gamerdudimanche kyuubi34800 Hum la cuisse, je sais pas si c'est un si bon choix ;)

  • gamerdudimanche
    30/08/2014 12:31:11

    kyuubi34800 gamerdudimanche C'est gentil de proposer mais franchement pour l'utilité que j'en aurais je préfère te les laisser ;)

  • Bou2004
    30/08/2014 10:14:10

    Resh [quote]Ca marche trop souvent comme ca sur internet, les privilégiés jouent les victimes, ose seulement leur faire remarquer qu'ils sont privilégiés, ils te détruiront pour te prouver qu'ils sont des victimes, quand ils n'essaieront pas de te faire taire pour défendre la liberté d'expression, et ils ne verront même pas la contradiction.[/quote] C'est marrant, ça rejoint la menace de Phil envers un autre dév indé, il lui a promis de ruiner sa carrière dans le jv s'il ne fermait pas sa gueule (formulé avec la subtilité légendaire du filou). Idem pour Zoe qui a flingué un projet indé d'autres féministes. PS : je n'arrive toujours pas à me faire à un système de commentaires sans citations en 2014 !

  • terminagore
    30/08/2014 01:36:21

    kyuubi34800 E.R.A  A l'époque, cette crétine finie voulait surtout se faire un nom, elle s'est donc servi du club dorothée et a pris comme support ces "bien pensants" de Famille de France pour arriver à ses fins. Je ne me souviens plus exactement de ses propos envers l'animation japonaise, mais il me semble que c'était assez méprisant et insultant. Qu'est ce qu'on a eu ensuite? Ah oui Franklin, youpi...

  • kyuubi34800
    29/08/2014 21:01:35

    Nicklas91 Tellement plus beau que du coup j'ai fait bouffer du Ken du DBZ du chevalier etc à mon petit frère et que maintenant on en bouffe en permanence à la place de cette merde qu'on appelle Télévision :D

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