Un peu de lecture avec Les Grands Noms Du Jeu Vidéo : Yoshihisa Kishimoto

Yoshihisa Kishimoto, une identité qui ne doit parler qu'à une minorité de joueurs, celle qui s'intéresse aussi au créateur des jeux auxquels ils s'amusent. Pour le reste, il ne s'agit que d'un illustre inconnu. Et pourtant, ce Monsieur du jeu vidéo est un grand, et il semble dès lors tout à fait normal qu'il figure dans la série « Les Grands Noms du Jeu Vidéo » des Editions Pix'n Love.

Cette série se charge de faire connaître ces personnalités, quelles qu'elles soient, qui ont apportées leur pierre à l'édifice du jeu vidéo. Autant certaines sont très connues du grand public, autant d'autres comme Yoshihisa Kishimoto ne semblent pas avoir laissé de traces dans la mémoire des joueurs. Florent Gorges s'est lancé dans la biographie de ce Game Designer qui a apporté son lot d'innovations et de concepts originaux à une industrie vidéoludique japonaise en pleine expansion. Si vous ne le connaissez pas, vous n'avez certainement pas manqué d'avoir entendu parler, sinon d'avoir joué, à l'une de ses 350 créations.

L'auteur nous raconte d'une manière captivante la vie de ce concepteur de génie qui est tout de même à l'origine du genre Beat-them-all avec sa série phare qu'est le triptyque Double Dragon. Mais bien avant cette œuvre majeure, en Occident, il s'est fait connaître dans le milieu par une autre série intitulée Nekketsu Kôha Kunio-kun (que certains doivent pourtant connaître sous le titre de Renegade) qui, bien avant Double Dragon, a posé au Pays du Soleil Levant les bases d'un genre encore inexistant.

Nous suivons donc la vie mouvementée de Yoshihisa Kishimoto. Nous découvrons comment cet enfant timide et réservé va devenir un caïd des rues. Une personnalité qui aurait bien pu très mal tournée, grand fan de cinéma, notamment des films de Bruce Lee, amoureux de pop/rock écossaise avec le groupe Bay City Rollers, et adepte des combats entre gangs de lycées. Une vie qui nous est racontée tels un manga ou un synopsis d'un bon Anime et qui se révèle passionnante.

Pas intéressé par les études, il espère tout de même travailler dans le monde du cinéma, mais doit vite déchanter et c'est en découvrant une offre d'emploi dans son école pour travailler dans le jeu vidéo qu'il décroche son premier job. Nous découvrons alors la partie certainement la plus intéressante de cet ouvrage avec toute la carrière de Yoshihisa Kishimoto au sein de Data East puis de Technos Japan. Nous apprenons au travers de très nombreuses anecdotes et commentaires de Yoshihisa Kishimoto comment sont nés des concepts inédits, originaux et particulièrement innovants.

Après un premier jeu de Football (Pro Soccer), il débute pleinement sa carrière avec les premiers jeux Laser Disc en créant les excellents Thunder Storm et Road Blaster. Avec le personnage de Kunio-kun, il invente le Beat-them-all, un genre jusqu'alors inexistant, et un premier jeu autobiographique, car influencé par sa période « gangster dur-à-cuire ». La consécration arrive avec la série Double Dragon dont les deux premiers épisodes font sa fierté, mais dont le troisième fait sa honte.

La mauvaise ambiance et les faillites successives des différentes sociétés pour lesquelles il a travaillé l'ont conduit à se mettre à son compte. Il continue à l'heure actuelle de concevoir de nouveaux concepts et, bien avant ce qui semble commun pour nous aujourd'hui, il avait déjà imaginé des jeux de rythme sur écran tactile, des terminaux interactifs et de nombreux jeux sur téléphones portables.

Les Grands Noms Du Jeu Vidéo : Yoshihisa Kishimoto de Florent Gorges aux Editions Pix'n Love (196 pages, 20,00 €) est passionnant de bout en bout et abondamment illustré. J'avoue avoir été plus que sceptique à la réception de l'ouvrage en découvrant la biographie d'un game designer japonais inconnu. Et pourtant, dès les premiers paragraphes l'auteur arrive à nous captiver et nous embarque dès lors dans une histoire incroyable que nous dévorons avec plaisir. Je ressors ravi de cette lecture, maintenant Yoshihisa Kishimoto n'est plus du tout un inconnu pour moi et je me referai bien une petite partie de Double Dragon avec un regard complètement neuf sur le jeu.