Test Gran Turismo 7 : le réveil tant attendu pour les 25 ans de la série !

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Test Gran Turismo 7 : le réveil tant attendu pour les 25 ans de la série !

Maxence Jacquier

02 mars 2022 à 11h01

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Gran Turismo a 25 ans. Un quart de siècle que Polyphony Digital entend célébrer avec un épisode choral, résolument rassembleur et particulièrement complet. Gran Turismo 7 est-il le jeu de caisse ultime que la PlayStation 5 mérite ?

Gran Turismo 7
  • Contenu solo varié
  • Ludique et encyclopédique
  • Pilotage exigeant et subtil sur asphalte
  • Des défis pour tout le monde
  • Plastique avantageuse des bolides
  • La pluie et la lumière, magnifiques
  • Modes ralenti et photo incroyables
Généreux, accessible et didactique sans compromettre l’exigence de son pilotage, Gran Turismo 7 est une excellente simulation de sport automobile sur PlayStation 5. Même si certains défauts récurrents de la série n’ont toujours pas été gommés, bravo à Polyphony Digital pour avoir reposé des bases saines pour l’une des franchises emblématiques de la PlayStation.

Après avoir révolutionné le petit monde de la simulation automobile sur consoles en 1997, Gran Turismo s’est peu à peu embourgeoisé. Quand les joueurs demandaient des dégâts visibles, une vraie gestion de la météo et une IA moins systématique, Polyphony Digital temporisait avec des spin-offs incomplets (Concept, Prologue, Sport) ou des épisodes canoniques poussifs sans jamais parvenir à battre les temps de références - critiques, commerciaux - établis par les trois premiers volets. Kazunori Yamauchi devait prouver que Gran Turismo a sa place dans un genre toujours aussi concurrentiel. Avec GT7, c’est désormais chose faite.

Test réalisé sur PlayStation 5 et PlayStation 4 grâce à un code fourni par l'éditeur, et après une bonne trentaine d'heures de jeu en solo comme en ligne. Le jeu requiert une connexion internet permanente pour la plupart de ses modes, et un abonnement PS+ pour jouer en ligne.

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Jamais dans la tendance…

À contre-courant des jeux de caisse modernes, GT7 chérit notamment son héritage en gardant le ton feutré, l’interface épurée et l’ambiance jazzy qui ont accompagné son parcours. Loin des jérémiades surjouées des productions modernes, Polyphony Digital prend le temps d’expliquer l’ensemble de ses mécaniques et possibilités par le biais d’une campagne solo à la papa, qui se déploie tranquillou sur une grosse vingtaine d’heures. Si l’on pourrait arguer que le tout manque un peu de rythme et d’allant, on apprécie finalement qu’une voix-off red bull ne nous beugle pas 300 notifications à la minute d’un air faussement complice.

Chacun des 400 modèles a le droit à son petit laïus technique et historique
Chacun des 400 modèles a le droit à son petit laïus technique et historique

À ce mode « Café » dont la difficulté est en pente très douce, prétexte pour débloquer nos premières voitures et l’ensemble des circuits, GT7 ajoute une cinquantaine d’épreuves de permis et presque autant de missions annexes. Des défis tantôt fun, tantôt corsés qui finissent de nous exposer la ligne de conduite de Polyphony Digital. Le studio japonais est plutôt subtil dans sa manière de mélanger les informations historiques sur les constructeurs et les conseils de pilotage, tout en variant un maximum les situations et conditions de course. Faire tomber des plots, drifter ou jouer au dragster n’est pas forcément toujours aussi fun que d’avaler les kilomètres à bord d’une supercar énervée, mais cela offre de sympathiques respirations que l’on picore régulièrement entre deux courses.

Il faudra cravacher un peu avant d'accéder aux véhicules les plus puissants
Il faudra cravacher un peu avant d'accéder aux véhicules les plus puissants

GT7 est un bac à sable qui prend le temps de bien tout nous expliquer. Le mode photo, les réglages, la création de livrées, l’achat de véhicules neufs ou d’occasion, les modes en ligne… chaque segment sera poliment introduit au fil de la progression ; tout vient à point à qui sait enchaîner les podiums.

Le poids des récompenses grimpe en même temps que les cylindrées, et il appartient à chacun de fixer le niveau de difficulté en jouant avec les très nombreux paramètres et assistances disponibles. Avec son rubber banding très permissif - la voiture de devant se laisse rattraper, celle de derrière ne pousse pas trop - il ne sera pas trop compliqué de signer les meilleurs chronos, mais il faudra vouloir soi-même se mettre en difficulté pour faire face à un véritable défi. Gran Turismo aurait-il laissé tomber son exigence au profit de l’accessibilité ?

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… mais toujours dans la bonne direction

Les premiers tours de piste suffisent à se convaincre du contraire. Transfert de masse, dosage de l’accélération et du freinage, trajectoire, aspiration : GT est toujours une simulation rigoureuse qui fait néanmoins l’effort de ne laisser personne sur le bas-côté avec sa difficulté très graduelle. Les habitué(e)s de la licence se consoleront avec les trophées en or ou les courses sans heurt - et les crédits et véhicules supplémentaires qui vont avec - mais pourront quand même trouver la montée en chevaux un peu longuette. Pour le tout venant, c’est un vrai plaisir de contempler les progrès effectués en se risquant petit à petit aux épreuves plus difficiles, jusqu’à finir par remporter les courses les plus exigeantes : celles en dix tours, avec gestion de l’essence et de l’état des pneumatiques.

Le mode photo offre un rendu assez incroyable
Le mode photo offre un rendu assez incroyable

Le pilotage est d’autant plus subtil que de nombreux paramètres viennent en complexifier l’approche : météo (on y reviendra), tracé, réglages, pneumatiques sont autant d’éléments à prendre en considération avant le grand départ. Polyphony Digital ne fait pas l’erreur de nous assommer de clones pour faire grimper artificiellement le compteur, mais ce sont tout de même 400 véhicules assez différents qui nous attendent chez le concessionnaire. En fonction des limitations de l’épreuve à venir, de son tracé, de nos goûts et de nos finances, le choix de la monture est plus ou moins aisé en fonction des circonstances.

On n’aborde pas le terrifiant Nürburgring comme l’incontournable Trial Mountain ou l’indémodable circuit de Monza. Les 90 tracés réels ou fictifs, répartis dans 34 lieux aux quatre coins du monde, offrent largement de quoi plaire aux amateurs de vitesse pure comme de courbes sinueuses. On s’approprie ses véhicules fétiches en même temps que ces espaces de jeu et l’on acquiert petit à petit la sagesse suffisante pour monter en gamme et commencer un nouveau cycle d’apprentissage. Gran Turismo 7 offre là encore un bel équilibre au niveau du contenu, même si la rudesse de l’économie du jeu interroge.

JVFR
Les réglages complexes sont bien présents, pour les pilotes les plus exigeants

Les gains de crédits sont malheureusement un peu trop chiches pour nous permettre de laisser libre cours à nos envies. Les microtransactions ou le grind forcené sont les seules solutions pour mettre la main sur les véhicules les plus prestigieux ou puissants, qui se vendent à prix d’or. Les récompenses obtenues grâce aux tickets de roulette (des gatchas) sont insuffisantes, et il est impossible de revendre les voitures que l’on n'utilise jamais. Cela nous pousse d’un côté à faire avec ce que l’on a : nous donner trop de munitions au départ aurait sans doute dilué le sentiment de maîtrise graduelle dont on parlait plus haut. Cela devient tout de même problématique en endgame, quand on voudrait bien profiter du bac à sable sans contrainte. On espère une réaction de Polyphony Digital, qui pourrait rééquilibrer un peu tout ça avec une mise à jour.

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Fais moi vibrer !

Retour sur la piste : c’est quand la vitesse augmente que les sensations sont évidemment les meilleures. En vue cockpit, la célérité peut devenir vertigineuse au point d’exiger un maximum de sang froid. La Dual Sense joue pour beaucoup de notre capacité à « sentir » la route, avec des vibrations remarquables de précision et un retour haptique efficace dont on apprend peu à peu à décrypter les injonctions. La manette donne de précieuses informations qu’il faut apprendre à lire, tout comme les bruits de moteur et de pneus toujours aussi impeccables de nuances.

JVFR
La lumière, les reflets, la gestion de la pluie : GT7 sait distiller ses effets

Les repères se troublent encore avec l’arrivée possible de la pluie, qui peut rebattre les cartes et pénaliser les moins prudents. En plus du changement visuel de circonstance et d’éventuels problèmes de visibilité compte tenu des projections de nos concurrents, l’eau requiert encore plus de finesse aux abords des virages. Un petit crachin ou une grosse pluie n’auront pas les mêmes répercussions sur l’adhérence et la piste ne séchera pas uniformément à la fin de l’averse. Les paramètres à prendre en compte sont tellement nombreux que le potentiel ludique paraît infini.

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La triste cité radieuse

Ces moments, quand le soleil transperce les nuages après la pluie, font partie des plus jolis plans que GT7 peut proposer. La modélisation des véhicules est impeccable - c’est une tradition dans la série - mais c’est vraiment le travail sur les lumières qui vole la vedette au rendu exceptionnel des bolides. Parfaitement mises en valeur par des reflets criant de réalisme, les différentes conditions lumineuses offrent un véritable cachet artistique à un titre qui ne cherche par ailleurs qu’à se rapprocher le plus possible de la réalité.

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Les décors, clairement le parent pauvre de ce Gran Turismo

Si cela fait bien longtemps que la licence ne fait plus office de vitrine technologique pour les consoles PlayStation, on en attendait quand même beaucoup côté technique après les claques régulières infligées par Forza. Trop, sans doute, puisque notre déception est réelle à la découverte de décors d’une tristesse absolue. Souvent vide, fade ou trop clean, le décorum de GT7 tranche radicalement avec le reste, au point qu’un arrière goût tenace d’old gen nous reste irrémédiablement en bouche quand on prend le temps de regarder au-delà de la prochaine boucle. Au moins on profite des quelques fulgurances esthétiques du jeu avec un taux de rafraîchissement irréprochable, à 60 images par seconde constant en 1080p comme en 4K.

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L'une des rares excentricités de GT7 côté mise en scène de course

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Des défauts séculaires

Puisqu’on a ouvert le cahier de doléances, autant en placer une pour l’intelligence artificielle. GT7 parvient certes à trouver un certain compromis entre la brutalité un peu crasse des robots de GT6 et le systématisme un brin rigide des débuts de la franchise : nos adversaires profitent bien de la moindre de nos erreurs, et on sent une certaine énergie lorsque l’on est au contact. Mais ces bonnes intentions disparaissent néanmoins lorsque l’on est 50 mètres devant ou derrière, chacun reprenant son pathfinding initial comme lors d’un tour de chauffe.

Trop rarement les bolides adverses se chicanent entre eux, et les prises de risque de l’IA sont extrêmement mesurées. Le résultat est moins crédible qu’on l’aurait souhaité, même si à puissance égale le comportement des autos adverses semble plus cohérent que d’habitude. Annoncée en grande pompe comme agressive et éthique, GT Sophy (c’est le petit nom du programme IA révolutionnaire mis en avant par Sony) pourrait apporter un peu de mordant de ce côté là lors de son implémentation dans le jeu.

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La nuit, tous les pots d'échappement sont gris

Status quo sur les collisions et les dégâts. Fidèle à ses valeurs, Gran Turismo entaille sa vision réaliste du sport automobile dès que deux cages en métal se frictionnent. Les touchettes comme les gros chocs sont rarement pénalisants pour celui qui les provoque, et si on écope bien d’une pénalité en ligne pour avoir provoqué un accident, la sanction est souvent plus difficile à surmonter pour la victime.

On perd souvent bien plus de quelques secondes à reprendre une vitesse et une trajectoire décentes après une sortie de piste, alors que le coupable sera simplement condamné à décélérer pendant sa pénalité. Injuste. Enfin, seuls quelques modèles voient leur carénage marqué par les impacts : ce n’est pas encore cette fois que des accidents spectaculaires viendront égayer les sublimes ralentis qui ponctuent chaque épreuve.

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Je sais plus si je vous ai dit que le mode photo était incroyable...

Pointu et exigeant sur asphalte, le pilotage devient carrément brouillon lors des quelques épreuves de rallye, heureusement assez rares. Les glissades à répétition occasionnent même quelques gros bugs de collision disgracieux entre la voiture et le sol après certaines bosses, avec une caméra qui semble aussi perdue que nous lors de ces (rares) pertes de contrôle. Gran Turismo 7 aurait pu trouver une meilleure manière de célébrer ce pan important du sport automobile.

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Un portage PlayStation 4 correct


Même contenu, même fluidité sur PS4, sauf lors des situations les plus chargées (pluie, nombreuses voitures à l'écran). Forcément moins impressionnante, la modélisation des véhicules s’en sort avec les honneurs malgré un léger effet de crénelage sur les carlingues. Le rendu général est inférieur à celui de la version PS5, et ce n’est pas la seule concession de cette version : les temps de chargement, très très contenus sur PS5, nous rappellent ici l’importance du SSD dans le jeu vidéo.

Ce sont par ailleurs les quelques tours de piste sur cette version qui nous ont permis d’embrasser toute la puissance de la Dual Sense. Les gâchettes de la Dual Shock 4 paraissent bien molles, et les vibrations un peu vulgaires comparées aux sensations incomparables du contrôleur de la dernière PlayStation.

Enfin, point de Ray Tracing ici. C’est logique, et pas regrettable dans la mesure où l’option est pour le moment cantonnée aux ralentis et autres mises en scènes des véhicules dans les menus sur PS5, ce qui en limite un peu l'intérêt. Polyphony Digital trouvera peut-être un moyen de l’activer en jeu sans compromettre les performances. En bref, l’expérience Gran Turismo 7 sur PS4 est difficile à apprécier quand on a touché à la version reine, mais reste tout à fait valable en soi.
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Le mode photo atténue l'écart de qualité graphique entre les deux versions, pourtant bien réel

Gran Turismo 7 : l’avis de JVFR

Faisceau composite des 25 ans d’histoires de sa licence, Gran Turismo 7 pioche dans son histoire pour nous offrir le meilleur équilibre entre la qualité et la quantité de contenus depuis bien longtemps. L’amour de Polyphony Digital pour l’industrie et la course automobiles transpire de toutes les composantes essentielles de sa production, et si l’IA, les collisions, ou encore les décors nous ont clairement laissé sur notre faim, la magie opère malgré tout d’un bout à l’autre de notre exploration du bac à sable.

On prend un pied monstre à choisir, personnaliser, améliorer, régler et photographier nos bolides fétiches, mais surtout à les conduire dans les nombreuses situations que nous propose le jeu. GT7 réalise un grand écart qu’on pensait difficilement possible : rassembler les amateurs de grosses cylindrées bruyantes, les esthètes de la mécanique et les forçats de la trajectoire. Gran Turismo est de retour, et c’est une sacré bonne nouvelle.

Gran Turismo 7

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Généreux, accessible et didactique sans compromettre l’exigence de son pilotage, Gran Turismo 7 est une excellente simulation de sport automobile sur PlayStation 5. Même si certains défauts récurrents de la série n’ont toujours pas été gommés, bravo à Polyphony Digital pour avoir reposé des bases saines pour l’une des franchises emblématiques de la PlayStation.

Les plus

  • Contenu solo varié
  • Ludique et encyclopédique
  • Pilotage exigeant et subtil sur asphalte
  • Des défis pour tout le monde
  • Plastique avantageuse des bolides
  • La pluie et la lumière, magnifiques
  • Modes ralenti et photo incroyables

Les moins

  • Des décors bien fades
  • Collisions complaisantes
  • Pilotage sur terre parfaitement aléatoire
  • Manque de crédits qui pousse à la microtransaction
  • Dégâts visibles trop discrets (ou absents)
  • Une certaine austérité qui peut déplaire (menus, musiques, ambiance)
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Gran Turismo 7

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