La Playstation a 20 ans : nos jeux préférés sur PSX
La marque Playstation fête ses vingt ans. Retour sur les jeux marquants de la première console de Sony.
La PlayStation et moi
Si une Super Nes, un Amstrad CPC 6128 et un Macintosh ont mis mon jeune pied à l’étrier du jeu vidéo, c’est avec la première Playstation de Sony que s’est réellement forgée ma culture vidéoludique. Pas un (bon) titre ne passait à l’époque au travers de mon radar, nourri à la presse spécialisée et au bouche à oreille, principalement matérialisé par la cour de récré du collège, et le vestiaire de la salle de basket. Achetée 1000 francs avec Total NBA 96, la PSX m’aura accompagné près de cinq ans, jusqu’à ce que sa petite sœur prenne le relai. Difficile d’être précis, mais entre les achats, les échanges (50 francs contre un jeu de même valeur à l’époque), les prêts d’amis voire les démos jouables, ce sont plus de cents jeux qui sont passés entre mes mains d’adolescents. En voilà quelques-uns des plus marquants.
Replay - Metal Gear Solid vu Maxence (20 ans de la ...
Mon Top 3
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Ses détracteurs en retiendront les allers-retours rallongeant artificiellement sa durée de vie, sa propension à blablater et son doublage français infect, mais ils ne pourront pas lutter longtemps devant la qualité du level design, la réalisation incroyable et le petit milliard d’idées nouvelles qui enrichissent l’expérience. Psycho Mantis qui scanne ma carte mémoire et me parle de Suikoden ou anticipe mes mouvements, le duel acharné contre la mélancolique Sniper Wolf, les rencontres avec Meryl et Otacon, l’éclosion d’un Snake taciturne et puissant : qu’ils soient ludiques, esthétiques ou simplement narratifs, les souvenirs de Metal Gear Solid se bousculent, si bien que l’un ne peut jamais prendre le pas sur les autres. Une œuvre complète et entière qui laissera entrevoir le jeu vidéo d’après.
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Circuits, logos, vaisseaux, menus, HUD : l’univers est magnifique et cohérent, offrant un réel supplément d’âme à ce qui aurait pu n’être qu’un bête jeu de course. Et puis bon, s’offrir des pistes des Chemical Brothers, FSoL, Prodigy et Underworld, certaines spécifiquement composées pour le jeu, ça aide aussi à s’imposer dans des 90’s effervescentes pour la scène techno, au Royaume-Uni comme en France ou en Allemagne (à noter que les versions Saturn et PC se contentent de pistes de Cold Storage, le producteur maison de Psygnosis). Son gameplay tout en survirage et ses armes destructrices contribuent également à la saveur particulière de ses parties, et ce, malgré la regrettable absence de multijoueur, en dehors d’un versus pour les heureux possesseurs d’un câble link (et d’une deuxième console, et d’un deuxième jeu).
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Il doit évidemment sa profondeur à sa galerie de personnages, tous plus inquiétants les uns que les autres, à son dénouement souvent tragique et à sa bande son, orchestrée de main de maître par Akira Yamaoka. Mais le plus grand talent de Konami, c’est d’avoir conçu une ville cohérente, vrai personnage central de cet épisode comme des suivants. Les sonorités industrielles se mêlent aux bruitages organiques, et, s’appuyant sur des cadrages dynamiques et maitrisés (permis par la 3D, ce qui explique la faiblesse générale de la réalisation), créent un sentiment d’insécurité permanent. Sa suite le dépasse sur tous les points, mais profite évidemment du savoir-faire acquis sur cet épisode.
Mentions spéciales à…
Assoiffé de titres quel que soit le genre – on est fou quand on a quinze ans – le boulimique de jeu vidéo que je suis a trouvé son bonheur tout au long de la vie de la console. Impossible de passer à côté des survival-horror (Resident Evil 1 2 3, Clock Tower, Dino Crisis, Galerians et donc Silent Hill), la PSX ayant joué un grand rôle dans l’épanouissement du genre sur consoles. Mais c’est forcément sur les RPG que l’on rouillait le plus à l’époque, grâce aux merveilles japonaises qui heurtaient notre petit marché à intervalles réguliers. Suikoden, Grandia, Wild Arms, Breath of Fire III, Alundra et les tacticals d’exception que sont Vandal Hearts ou Legend of Kartia m’ont ainsi occupé quelques centaines d’heures, un peu allergique aux Final Fantasy que j’étais. 
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L’occasion d’évoquer la frustration ressentie à chaque pépite ne franchissant jamais nos frontières, comme les fabuleux Valkyrie Profile, FF Tactics ou Tales of Eternia, tous bouclés sur PSP depuis. J’aimais encore les « simulations » à l’époque, qu’elles soient réalistes ou non : les Cool Boarders, les ISS, les Gran Turismo (et leurs ralentis incroyables, mieux qu’en vrai), Moto Racer (premier jeu sur lequel j’ai passé une nuit blanche), les Tony Hawk, Road Rash 3D et autres Rollcage ou Ridge Racer Type 4 me permettaient ainsi de meubler les longues après-midi d’hiver. Ne disposant plus de PC à l’époque, je me suis (re)familiarisé à l’univers du jeu d’aventure, fourmillant de titres de qualité comme les Discworld, les Oddworld, les Baphomet ou même De Sang Froid, titre oublié d’un Charles Cecil pourtant surprenant, à contre-courant avec un contexte d’espionnage singulier.
Quelques OVNI ont également pavé ma culture vidéoludique, notamment les puzzles-game Kula World, Devil Dice ou les Kurushi, tous excellents. J’ai un peu composé sur Music (même s’il m’a fallu acheter des cartes mémoires pour cela, quinze blocs pris par le jeu) et me suis éclaté sur Unholy War, un jeu d’action tactique surprenant et assez confidentiel à l’époque. Un mot également sur Ape Escape, qui m’a permis de cerner l’intérêt de l’évolution analogique des manettes et l’apport des vibrations, le tout maquillé dans un bon jeu de plateforme. Dommage que la série se soit perdue par la suite. La PSX, c’est aussi le début des suites qui ne confirment pas : après un premier Driver fabuleux (quoique quasiment infinissable), le second se perd en tentant d’inventer – avant l’heure – le gta-like en 3D. Les suites d’Alundra et de Die Hard Trilogy déçoivent également : c’est à ce moment que l’on commence à faire attention au nom qui est écrit sur la boite, pas forcément synonyme de réussite ludique.
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Enfin, difficile de ne pas évoquer des titres comme Tenchu, ou l’infiltration à la dure selon Acquire, les jeux futuristes comme les Colony Wars, G-Police ou Future Cop LAPD, l’excellent Vigilante 8, les trois Syphon Filter et les jeux de baston incroyables comme Rival Schools, Bushido Blade ou Street Fighter Alpha 3. Même les FPS ont leur mot à dire, comme Lifeforce Tenka (bon ok lui était pas terrible) et les deux Medal of Honor.
La Playstation n'est pas devenue culte pour rien : sa ludothèque d'une richesse incomparable a conquis les foyers du monde entier, propulsant Sony au rang de constructeur majeur de l'industrie du divertissement numérique, rôle que la firme occupe d'ailleurs toujours aujourd'hui. A titre personnel, elle restera irrémédiablement associée à ma vie adolescente, et gardera donc une place à part dans mon histoire de joueur. Joyeux anniversaire.