Dossier de la Rédaction : la saga King Of Fighters
SOMMAIRE
The King Of Fighters ’94
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Qu’à cela ne tienne, le projet deviendra un fighting game. Mais un pareil revirement ne va pas sans un nouveau baptême. Les développeurs à l’origine du jeu se triturent le cerveau pour aboutir à une évidence : le jeu s’appellera The King Of Fighters, sous-titre du premier Fatal Fury auquel l’équipe est particulièrement attachée. Le véritable travail peut enfin commencer dans le plus grand secret et sera révélé à la face du monde le 25 août 1994 sur système MVS : The King Of Fighters ’94.
Vidéo #1 - The King Of Fighters '94
The King Of Fighters : Vidéo #1 - The King Of Fighters '94
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Mais la richesse du titre ne s’arrête pas là. Avec 24 personnages au compteur répartis en 8 équipes, The King Of Fighters ’94 affiche le roster le plus important qu’un jeu de combat ait jamais proposé. Le record était tenu jusqu’ici par Super Street Fighter II et ses 16 combattants. Outre la surprise de découvrir des personnages issus d’Art Of Fighting (Ryô, Robert, Yuri, Takuma et King) et de Fatal Fury (Terry, Andy, Joe, Mai Shiranui et Kim Kaphwan), les joueurs de l’époque ont le plaisir de retrouver quelques vieilles gloires de l’école SNK : Athena Asamiya et Sie Kensou (Psycho Soldiers) mais aussi Ralf Jones et Clark Steel (Ikari Warriors).
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A ces icônes de la firme viennent s’ajouter de nouveaux personnages, pour la plupart imaginés dans le but de séduire une nouvelle audience, plus jeune, au premier rang desquels Kyo Kusanagi, en quelque sorte la tête d’affiche de cette nouvelle licence. Leader de l’équipe japonaise, Kyo est accompagné de Benimaru Nikaido, la fashion victim de service, et Goro Daimon, l’imposant judoka national. Les autres nouveaux venus sont au nombre de sept : Heidern, le commandant de Ralf et Clark, Chin Gentsai, le vieil alcoolique accompagnant Kensou et Athena, Heavy D !, Lucky Glauber et Brian Battler, l’équipe de sportifs américains, et enfin Chang Koehan et Choi Bounce, deux repris de justice que Kim Kaphwan tente de ramener dans le droit chemin. Toutes ces équipes sont placées sous l’égide d’une nationalité et au total ce sont donc huit pays qui sont représentés : Japon, Mexique, Italie, Chine, Etats-Unis, Corée du Sud, Royaume-Uni et Brésil.
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Le jeu introduit également un dash (en doublant la direction), depuis devenu la norme dans tous les jeux du genre. Mais ce n’est pas tout, puisque on dénombre deux autres subtilités : l’esquive et le fameux CD. En pressant les touches LP et LK, notre personnage peut esquiver une attaque d’un simple « décalage », un mouvement qui revêt une importance stratégique de première importance. Le second tient son nom des deux touches du stick NeoGeo auxquelles il est assigné (C et D) et consiste en un coup puissant couchant l’adversaire au sol comme dans les airs. Une combinaison de touches qui gagnera en utilité dans les épisodes à venir.
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Outre son gameplay « hybride », The King Of Fighters ’94 créé sa propre identité visuelle et sonore et s’affranchit ainsi de ses deux figures tutélaires que sont Art Of Fighting et Fatal Fury. Au design coloré et presque caricatural du grand rival Street Fighter, SNK oppose un style beaucoup plus sobre mais aussi plus fin. A quelques exceptions près, les personnages ne font pas dans la surenchère de muscles et affichent des corps proportionnés. Leurs designs imposent d’ailleurs d’emblée le style SNK : accoutrements vestimentaires parfois sophistiqués et beaucoup plus classieux que ceux de la concurrence (Benimaru, Rugal, Kyo, King, etc.), physionomies très variées, et gente féminine mieux représentée (en nombre et en styles).
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Les décors ne sont pas en reste avec des arrière-plans très travaillés fourmillant de petits détails amusants (comme des personnages de jeux SNK absents du casting) et dans lesquels apparaissent les deux autres membres de l’équipe encourageant le personnage en combat (ou tirant la tronche après une défaite). On se souviendra également avec émotion de la très bonne bande-son accompagnant les fights. Toujours dans la rubrique sonore, les très nombreux digits insufflent encore un peu plus de charisme à des personnages déjà bien lotis à ce niveau-là. Enfin, cet épisode marque le début de la saga « Orochi » et lance une épopée dont le scénario est certainement le plus riche qu’une série du genre ait jamais connu. Bref, le style KOF est né et perdurera pendant bien des années.
S’il n’est pas l’épisode le plus mémorable de la saga, The King Of Fighters ’94 aura posé des bases très solides pour l’avenir. Le jeu se verra évidemment porté sur NeoGeo CD, version grâce à laquelle la bande-son du titre aura droit à une réorchestration beaucoup plus flatteuse. Une réédition sous-titrée Re-bout verra le jour 10 ans plus tard sur PlayStation 2 agrémentée de deux personnages inédits (Rugal et Saisyu), de musiques format CD, de sprites de meilleure définition, de décors retravaillés et de la possibilité de créer sa propre équipe. Ce dernier ajout aura beaucoup manqué à la version originale du titre qui, malgré un franc succès auprès des amateurs de jeux de baston, se sera vue critiquée pour cette erreur. Un reproche auquel SNK aura tôt fait de répondre avec …
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